1987 - Victor Hugo, Notre-Dame de Paris

Notre-Dame de ParisPris dans la bibliothèque de ma sœur.

L'édition dans laquelle j'ai lu le roman de Victor Hugo sera reconnue des bibliophiles nostalgiques qui aiment ces anciennes collections non pour leur valeur intrinsèque, qui est faible, mais pour leur capacité d'évocation des maisons de famille du premier XXème siècle, où l'on en trouvait souvent.

Ma sœur avait récupéré, suite à la mort de notre grand-mère paternelle, quelques exemplaires de ces petits livres cartonnés à la couverture ivoire et verte. Nous avions passé un dimanche dans la maison à trier les affaires qui resteraient dans la famille, et ils étaient là, en vrac dans un pièce de débarras au milieu d'une foule d'autres objets. Je ne me souviens pas avoir pris aucun livre pour ma part, mais c'est sans doute le même jour que mon père emporta Le Grand Cirque de Pierre Clostermann, ainsi que le J'ai choisi la liberté de Kravchenko, autre grand succès de librairie de l'après-guerre, que je devais lire en 1991.

Comme beaucoup de Français, j'avais vu à la télévision l'adaptation des Misérables avec Lino Ventura et Michel Bouquet, dont je garde aujourd'hui encore un souvenir assez vif, mais je n'avais pas lu Victor Hugo. Si je lus Notre-Dame de Paris plutôt que Les Misérables, c'est, d'une part, parce que le livre se trouvait dans notre chambre, d'autre part, je le crains, parce qu'avoir vu le téléfilm semblait me dispenser de lire le roman éponyme ; j'eus envie de découvrir, de cet écrivain imaginatif, une autre histoire. Enfin, mes grands-parents maternels vivant en Ile de France, j'avais eu l'occasion d'aller à Paris, de visiter Notre-Dame, de monter dans ses tours et de voir les gargouilles et le bourdon : l'idée de retrouver dans un roman un lieu que je connaissais me plut. Je me souviens pourtant avoir trouvé longuette la fameuse description d'une quarantaine de pages du Paris médiéval et de la cathédrale, mais je fus enthousiasmée par sa manière de faire surgir devant mes yeux la Cour des Miracles et sa foule interlope de mendiants et de (faux) estropiés. 

Je n'ose aller au-delà dans la réminiscence de mes souvenirs. Là encore, un film vu par la suite, celui de Jean Delannoy, m'impose son incarnation des personnages, et je ne peux plus imaginer Esméralda et Quasimodo sans voir Gina Lollobrigida et Anthony Quinn, d'autant plus que beaucoup de photographies des acteurs dans leur rôle circulent encore et que j'ai eu maintes occasions de les regarder. Peu d'autres romans (à part Les Misérables!) ont suscité une telle imagerie que celui-ci, et bien que je n'aie heureusement pas vu la comédie musicale, il m'est difficile de faire la part entre mes souvenirs et la mémoire collective. Si cette dernière n'est pas parvenue à effacer complètement ma lecture, la prose de Hugo étant trop énergique et poétique pour ne pas laisser une forte impression, elle me l'a tout de même un peu volée.

Commentaires

1. Le lundi 24 juin 2013, 15:40 par Saint Chaffre

Pour moi ce fut le dernier ! Et bien après la découverte d’Hugo, et de la littérature.

J’exagère un peu, mais j’ai commencé à dévorer les romans d’Hugo quand nos cours de français sont devenus des cours de littérature, donc vers 15 ans (Hugo n’était pas au programme, pour de bonnes raisons chronologiques). L’impression fut forte : le seul souvenir d’un séjour en Tunisie à cette époque, c’est Bug-Jargal : je me rappellerai presque avoir vu des plantations de cannes à Mégara, faubourg de Carthage !...

Je conserve l’empreinte de la lecture des monuments, l’Homme qui rit, Quatrevingt-treize et bien sûr, les Misérables. Seul Jules Vernes, quelques années plus tôt, a aussi impressionné mon souvenir. On croit connaitre l’histoire, on la lit et, en effet, on la connaissait bien, mais on ne l’a pas reconnue à la lecture tant le souffle du récit hugolien emporte tout !

Et puis, comme pour Zola, j’ai remisé Hugo, sans avoir lu Notre dame de Paris, pour passer à des lectures moins convenues, et par suite, plus « distinguées ». C’est donc bien plus tard, à Madrid, que j’ai lu ce roman, sans vraiment en avoir envie. Quel ne fut par mon plaisir –et ma surprise - de retrouver le souffle depuis longtemps oublié et le plaisir qu’il procurait toujours ! Ce genre de rafale permet de ressentir toute la profondeur du soupir de Gide « Hugo hélas ! ».

D’ailleurs, pour aller dans le sens du blog, ce qui compte c’est ce qu’il reste d’une lecture, si l’on me passe cette tautologie… Pourquoi se grave-telle dans notre mémoire, et qu’y grave-t-elle concrètement ? Nos impressions d’alors, les correspondances qu’elle a créée mais aussi, l’endroit et le moment où elle eut lieu, la couverture...
Les doctes professeurs ajouterons également comment une lecture grave-t-elle le marbre de note mémoire et comment cela finit-il par s’effacer…

Avec Hugo, c’est peut-être simplement l’amour, ou l’idée même, de la lecture qui s’y inscrit. Le sillon est profond.

2. Le lundi 24 juin 2013, 20:37 par Véronique Hallereau

Il est fort possible que le plaisir de lecture par excellence soit de se plonger dans un gros roman du XIXème siècle (pour aller au-delà de Hugo, je pense aussi à ces monstres d'énergie qu'étaient Balzac, Tolstoï...qui vous emportent comme le ferait, en musique, euh un Wagner peut-être ?)

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