2015 - Michel Houellebecq, Soumission

SoumissionOffert, lu aussitôt.

La lecture récente de Soumission me donne envie de rassembler mes impressions générales sur l'œuvre de Houellebecq. Conformément à la loi qui gouverne Le maillage des lectures, il ne s'agira pas d'une critique du roman, et encore moins une entrée dans la discussion autour de lui, mais bien de mailler cette lecture aux précédentes de cet écrivain ou d'autres, et aux souvenirs que je m'en forge.

Je lus mon premier Houellebecq en 1998, au moment de la publication des Particules élémentaires qui avait suscité ma curiosité : comme il y avait une longue liste d'attente pour l'emprunter en bibliothèque, j'achetai en livre de poche Extension du domaine de la lutte (j'achète rarement en première édition un roman contemporain) je ne lus finalement Les particules élémentaires qu'en 2002. Entretemps, toujours en 1998, j'avais lu un recueil d'Interventions pour mieux connaître l'écrivain. Je n'éprouvai pas le désir de lire les romans suivants, car j'avais constaté une grande parenté entre les deux premiers et que j'entendais dire qu'il en était de même pour les autres. Il s'agissait du portrait, existentiel plus que psychologique, d'un type, l'homme houellebecquien, un homme éduqué, athée, d'âge, physique et statut moyen, asocial et dans l'échec amoureux. J'achetai tout de même, au moment de sa publication en 2010, La carte et le territoire. Une amie nous a offert, à mon époux et moi, Soumission.

Entre 2002 et 2010 donc, aucune lecture. Cependant, à mi-chemin entre les deux romans, au printemps 2006, j'entendis l'écrivain lui-même lire ses poèmes alors qu'il était de passage à Moscou où je vivais alors. Dans le café, très couru, où se déroulait la soirée littéraire, la foule était venue pour écouter l'écrivain français, une foule majoritairement russe, ce qui m'avait causé une grande joie. On n'était pas dans une de ces soirées organisées par les Instituts culturels pour faire entendre "la voix de la France " à l'étranger et auxquelles assistent majoritairement des expatriés et des étudiants ou professeurs de français. J'étais loin de lui et je devais tendre l'oreille pour l'entendre car sa voix douce, peu articulée, peinait à passer le brouhaha constant de voix, de vaisselle, de tireuse à bière, qui me séparait de lui. Et pourtant, il parvenait à créer une couleur, une atmosphère. Sa poésie était peu remarquable : rimes pauvres, absence d'images, pas d'effets ni de recherche d'expressivité, pas de relief ; elle était composée des réalités les plus prosaïques : tout un poème évoquait par exemple l'intérieur d'une voiture de TGV ; elle parvenait à en tirer une certaine beauté. Le rythme lancinant transcendait la laideur et la platitude. L'art de Houellebecq me fit penser à la façon dont le philosophe François Jullien qualifie l'art chinois : l'art de la fadeur. Sa poésie me faisait sourire et me touchait particulièrement quand elle juxtaposait des mots chargés de sens, de grandeur, avec notre quotidien banal, nos individualités interchangeables. Je retrouvai cet humour que j'avais aimé dans Extension du domaine de la lutte. Je pense notamment à ce passage qui me revient souvent, où il distingue des collègues par le sport pratiqué : l'un le ski, l'autre la natation, le troisième l'équitation. "Autant de choix, autant de destins."

Plus qu'un romancier, Houellebecq est le poète d'une réalité sociale submergée de signes et vidée de sens. Son matériau est les signes par lesquels la société s'immisce dans nos vies, signes qu'il traite également et auxquels il confère plus de substance qu'aux personnages que nous croisons. Il nomme tout : les enseignes, les produits, et ces fusions d'enseigne et de produit que sont les célébrités, les rendant partie prenante du récit. Les images de pornographie prennent corps, jusque dans les relations amoureuses. Tout texte, qu'il soit publicitaire, informatif, commercial ou administratif, est doté d'une subjectivité. Les clignotants émis par la société deviennent les seuls interlocuteurs du récepteur en souffrance qu'est le houellebecquien. Les signes ainsi matérialisés construisent un monde à une dimension, qui enferme, qui étouffe. Je ressentis cette sensation d'étouffement lors de la lecture de Houellebecq dans le café moscovite, et le samedi où je passai du temps à lire Soumission, je me sentis sans énergie. La musique des Doors me fait le même effet : leurs chansons sont écrites sur un ton unique, reconnaissable dès la première mesure, que j'aime beaucoup ; mais en écouter plusieurs m'entraîne vers le fond. Les deux me dépriment.

Mais Houellebecq me fait également rire. En même temps qu'il construit ce monde matérialiste étouffant, il le neutralise ; et l'opération est comique. Les phrases du courrier commercial sont prises au pied de la lettre faisant ainsi éclater leur stéréotype insignifiant. "Les ingénieurs d'EDF avaient travaillé d'arrache-pied pour que je puisse passer un bon Noël." De ce monde bariolé de signes, qui aime tant son reflet et veut à tout prix séduire, il nous fait connaître la couleur grise, la saveur fade, la médiocrité fondamentale. Il le fait, génialement, par des critiques mesurées, des compliments dépréciatifs, une louange modalisée, autant de variations sur la litote. Dans Soumission, par exemple, évoquant les plats pour micro-ondes qui font son ordinaire, il apprécie qu'ils soient "fiables dans leur insipidité" ; la langue de bœuf sauce madère qu'il a choisie est "caoutchouteuse mais correcte". Ces plats "représentaient quand même un vrai progrès (...) aucune malveillance ne pouvait s'y lire, et l'impression de participer à une expérience collective décevante, mais égalitaire pouvait ouvrir le chemin d'une résignation partielle."

Pour moi, la lecture d'Extension... – qui reste mon préféré, peut-être parce qu'il fut le premier – fut une révélation sur la société où je vivais. Je le lus la même année que les Exorcismes spirituels de Philippe Muray, et c'était la première fois que des écrivains me parlaient de la réalité qui était mienne. Jusqu'alors je n'avais quasiment pas lu d'écrivains français contemporains – je lisais des classiques, mon seul contemporain avait été Soljénitsyne. Cette lecture eut également lieu l'année où je terminai mes études, avec la perspective d'une vie inconnue, d'une vie libre, que j'avais longuement désirée mais qui, une fois sur le seuil, me pétrifiait ; je traversais des phases de résignation : j'étais prête à accueillir Houellebecq. Une amie à qui je prêtai le roman réduisit le point de vue qu'il offrait à la dépression dont souffrait le personnage principal. Il est vrai que la fatigue d'être soi qu'éprouve le houellebecquien a été identifiée comme maladie psychique (j'ai sur ce thème un livre d'Alain Ehrenberg, acheté en 2010, pas encore lu). Mais les maladies évoluent comme la société ; elles se conforment à sa mentalité dominante, à ses impossibilités, et par là offrent un point de vue remarquable sur elle. La dépression est la maladie psychique de l'individu démocratique. Et si chacun ne souffre pas de la dépression, si la société ne peut être subsumée aux maladies qu'elle provoque, la dépression éclaire une vérité valable pour tous. 

La lassitude éprouvée par la concurrence acharnée entre les individus, la nostalgie d'une société plus stable, plus simple, instituée par une religion, peut mener à l'abdication de sa liberté, au désir de se soumettre. J'ai lu Soumission comme une variation sur La légende du grand Inquisiteur d'Ivan Karamazov. 


Commentaires

1. Le vendredi 20 février 2015, 20:32 par Ph. B.

J'avais bien aimé Extension du domaine de la lutte son plus court roman mais depuis il bâcle souvent ce qu'il écrit...et peine à se renouveler... je ne l'ai pas relu depuis Les particules élémentaires que j'avais trouvé déjà inférieur au premier... ses "solutions" délirantes me laissent froid... intéressant comme symptôme de notre société mais comme écrivain... quoique votre souvenir de la lecture à Moscou tende à donner quelques arguments à ses défenseurs...? pas facile de faire passer de la poésie sur fond de tireuse à bière...

2. Le vendredi 20 février 2015, 20:48 par mesmédocs

Ainsi on pourrait aimer un écrivain qui vous déprime. Bizarre.

3. Le samedi 21 février 2015, 10:31 par Véronique Hallereau

@ Ph. B. Oui, j'avais eu peur au début de la soirée de ne rien entendre du tout ! Mais cette lecture m'a démontrée qu'on ne pouvait réduire Houellebecq à un symptôme comme vous dites. Il a une esthétique cohérente avec son propos, qui nous fait prendre conscience d'une dimension de la réalité ; et en plus il possède un talent comique.

4. Le samedi 21 février 2015, 10:32 par Véronique Hallereau

@mesmédocs : A lire à dose homéopathique !

5. Le dimanche 22 février 2015, 21:54 par SaintChaffre

J’ai lu Extension du domaine de la lutte et les Particules élémentaires lors de la publication du dernier. Je voulais découvrir la littérature « actuelle ». Houellebecq fut l’un des rares auteurs à susciter de l’intérêt parmi les contemporains. Je délaissais ses ouvrages suivants jusqu’à La carte et le territoire et ce sont les hasards de l’amitié (en italique houellebecquienne) qui m’ont fait lire Soumission.

Cette lecture a dû être enthousiaste, car j’ai relu dans la foulée Les particules élémentaires et son Goncourt, en appréciant le premier et en étant indulgent pour le second. Ces relectures ont été motivées, malgré le vif plaisir né de la grande maîtrise d’écriture qui caractérise Soumission, par le sentiment de déjà-lu.

Il lui est reproché d’écrire toujours le même livre. Houellebecq remet sans cesse sur le métier son ouvrage, comme un peintre créant une série de tableaux sur le même sujet mais avec des perspectives et des éclairages différents. Paradoxalement le moins abouti de la série houellebecquienne a pour héros justement un peintre prenant pour sujet le travail. En revanche, je tiens son dernier livre pour son chef d’œuvre. (Serait-ce un signe des appréhensions de l’artiste si Houellebecq disserte de « l’œuvre faible après le chef d’œuvre » dans celle de Huysmans).

Il est navrant que cette progression de l’œuvre, avec ses aspects sympathiques et ses lourdeurs, ait été superbement négligée par ses « critiques » – obnubilés par un discours politique qu’ils ne pouvaient que trouver, quel que fut ce discours, dans un auteur nihiliste de raison, et quelque peu nostalgique.

Lors de la lecture de Soumission s’est révélée, presque inconsciemment, la maturité du style et la maitrise de ses variations sur ses thèmes de prédilection, avec en écho le ton des précédents livres. En quelque sorte, le maillage de ses romans dans son œuvre.

6. Le lundi 23 février 2015, 19:24 par Véronique Hallereau

Heureuse de nos nombreux points d'accord (et honorée par la référence au maillage des lectures) ! Et je regrette également que la plupart des articles sur Soumission se soient focalisés sur l'aspect politique, en ignorant le plus souvent la teneur idéologique de leurs propres écrits, beaucoup plus que ceux de Houellebecq... Comme toujours lorsqu'un écrivain aborde un thème politique on le juge en politique, comme s'il n'y avait qu'une façon politique de parler politique. Il existe un point de vue littéraire sur la politique !

7. Le lundi 23 février 2015, 19:37 par SaintChaffre

La micro-polémique médiatique, et promotionnelle, à la suite des propos de Manuel Valls (« La France, ce n’est pas Michel Houellebecq !») n’est pas si anodine : On peut être quelque peu perplexe sur la conviction du héros lors de sa conversion à l’Islam – et donc de l’estime que l’auteur porte à cette religion. En revanche, le livre et son auteur sont très clairement les assassins joyeux des politiciens « réels » (bien qu’ils soient nommés mais présentés comme de parfaits ectoplasmes). Ils ne représentent bien sûr pas leur peuple, mais bien l’autre « religion trinitaire » dont Houellebecq se désole à longueur de roman : « matérialisme (étroit) – (pseudo)humanisme – hédonisme (bas de gamme)». Ces « politiques » en sont les prêtres bouffons et ignorants – en cela, le (conseiller du) premier ministre a vu juste : C’est eux ou lui ! Houellebecq ne se lamente plus et il fait faire à son personnage le choix entre une religion dominante, pleine des promesses avortées des lumières et n’aboutissant qu’à « à la guerre de tous contre tous » et « la plus bête des religions » : alors mieux vaut prendre la plus bête des religions du Livre.

8. Le mardi 24 février 2015, 16:09 par Ernesto PALSACAPA

"Houellebecq nomme tout : les enseignes, les produits"  : ce procédé qui a, on suppose, pour but de faire moderne et ancré dans la réalité est éculé, les littérature de genre en général et la science-fiction en particulier en faisant un usage quasi systématique depuis longtemps (William Gibson, par exemple). Ce point particulier résume un peu à mes yeux son œuvre : le peu qui est vaguement intéressant a déjà été fait 50 fois et en mieux.

Pour autant, je reconnais le caractère amusant de ses écrits. J'aime finalement assez ce genre d’humour froid, dépressif qui fait que l’on se demande si l’auteur est très drôle ou très ridicule, si, en un mot, on rit avec lui ou de lui. Me viennent à l’esprit les cas similaires de Léon Bloy et de Thomas Bernhardt. Dans le cas du premier, on rit clairement de lui, dans le cas du second, on rit la plupart du temps avec. Mais dans les deux cas, il y a un gros avantage par rapport à Houellebecq : Bloy et Bernhardt écrivent merveilleusement bien.

Car plus qu’un poète de la fadeur, je l’aurait plutôt qualifié d’écrivaillon de la médiocrité. « Écrivaillon » car enfin, je me répète, mais il faudrait quand même commencer à prendre conscience du fait que Houellebecq écrit vraiment comme un pied. C’est bâclé, c’est mal fichu, mal construit, à peine français, et cela semble plus relever du je-m’en-foutisme que d’une tentative d’avoir un style relâché. Il s’agit quand même d’un auteur qui fait des copier-coller de Wikipédia dans ses romans... Et « de la médiocrité » car à force de ne peindre en permanence la médiocrité supposée du monde actuel (supposée car à la fin, en quoi notre époque est-elle plus médiocre que n'importe quelle autre...), Houellebecq fatigue vraiment : rappelons que dans "La Carte et le territoire", il passe au moins 30 pages à se plaindre qu’il n’y a pas moyen de trouver un bon plombier sur internet ! Je ne veux pas dire par là que la littérature ne devrait traiter en permanence que de sujet élevés et sublimes, mais enfin, il y a quand même un minimum...

Et je ne crois pas qu’il s’agisse de réduire Houellebecq à sa dépression pour ne pas écouter ce qu’il a à dire : il s’agit de refuser de se laisser embobiner par un auteur qui fait commerce de cette dépression et la donne en spectacle avec une vulgarité et un histrionnisme franchement agaçants.

Après, je dis ça, je dis rien... "Extension du domaine de la lutte" m'a fait plutôt rire, "H. P. Lovercraft, contre le monde, contre la vie" est assez beau (entre dépressifs, ils se comprennent) et il y aurait quelque chose à dire sur le chic qu'il a pour trouver des titres percutants (voir les titres des chapitres de son livre sur Lovecraft), mais de là à le considérer comme le plus grand écrivain français actuel...

9. Le mardi 24 février 2015, 18:58 par Véronique Hallereau

@ Saint Chaffre : Ce qui m'a frappée à ce propos dans le roman est que le premier ministre Manuel Valls ou un François Bayrou ne sont que des noms traités à égalité avec le présentateur TV (je n'ose dire journaliste) Pujadas, marquant leur foncière insignifiance politique. Pas étonnant que Valls (ou son conseiller) ait pris la mouche!

10. Le mardi 24 février 2015, 19:05 par Véronique Hallereau

@ Ernesto PALSACAPA : Je ne t'aurai pas converti à Houellebecq ! Je ne voudrais pas répéter ce que j'ai écrit mais rapidement : le fait de tout nommer n'est pas, à mes yeux, un procédé pour faire moderne ou ancré dans la réalité, c'est une manière de bâtir un monde fermé, à une dimension, sans aucun ailleurs possible. Cela fait intégralement partie de son projet poétique. Et oui, je trouve qu'il écrit bien. Soumission est même très bien construit et mené d'un point de vue narratif (plus que d'autres romans pour le coup, tu n'as pas tort) ! Quant à faire commerce de sa dépression, alors là, lis plutôt Christine Angot, et tu verras vraiment quelqu'un qui étale avec complaisance sa folie pour faire son intéressante littéraire !!

11. Le mardi 24 février 2015, 21:18 par Saint Chaffre

Palsacapa ne confondrait-il pas l'oeuvre et ses commentateurs ? La célébrité de houellebecq est stupéfiante et si l'image de Sollers est son cadavre (mon oeil), pour houellebecq elle est devenue un effrayant zombie. Même si le bougre en joue (assez drôlement dans La Carte - rare réussite de l'ouvrage) et pas si mal à la ville, force est de constater qu'elle a pris son autonomie et n'entretient qu'un vague rapport avec l'oeuvre (pour s'en convaincre, lire ses interviews de 1996 et celles récentes).

Tout à fait d'accord sur l'absence de novation stylistique sauf une peut être : il ne cherche pas faire son intéressant littéraire. Ce n'est pas le seul : nombre de bons auteurs non plus. Mais dans le landerneau de la critique médiatisée, c'est plus rare : depuis Céline, on attend toujours plus d'ordures après des points de suspension en plus grand nombre, qui trahiraient le nouveau régénérateur du roman. C'est dur d'être aimé par des cons....

Il peut être énervant de complaisance aussi (ils lui ont filé le goncourt pour un livre faible et manifestement bâclé). En revanche Soumission est très maîtrisé, quand bien même l'auteur laisse les chevilles aparentes (l'explication de la situation politique toute mâchée lors du dîner avec le monsieur des RG: mais je crois que cela est assumé par houellebecq : ce qui compte c'est que les stations-services naguère "jansénistes" deviennent tout à coup des lieux de carnage, le contraste entre cette scène et l'explication est d'ailleurs très intéressante). De même son utilisation de la langue des textes publicitaires des emballages est saluée, à juste titre : le pouvoir comique est indéniable et cela résume le point de vue de l'auteur mieux qu'une philippique haineuse sur la société qui produit cette langue d'emballage recyclable. Ça marche moins bien avec Wikipedia semble dire Palsacapa, personnellement, c'est les scènes de cul qui me semblent pécher : si l'idée était bonne, retranscrire froidement (platement) des scènes pornographiques, la réalisation me semble échouer à "taper juste".

Bref, bien des critiques peuvent lui être faites, mais il est réconfortant que le personnage retenu pour être désigné comme "le grand écrivain" soit à tout le moins un auteur honnête, construisant son oeuvre "cahin-caha" et plein d'humour qui n'a jamais été autant la politesse du désespoir.

Ajouter un commentaire

Les commentaires peuvent être formatés en utilisant une syntaxe wiki simplifiée.

Fil des commentaires de ce billet