Le maillage des lectures - Mot-clé - Saint-SimonAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2006 - Charles Dantzig, Dictionnaire égoïste de la littérature françaiseurn:md5:9444f595df67d49fce24fbaf2d0689342017-09-18T17:06:00+02:002021-03-26T12:21:54+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteAlain BosquetCharles DantzigEssaiLaurence SterneLittérature françaiseProustRémy de GourmontSaint-SimonScott FitzgeraldSoljénitsyne<p><a title="Dico Dantzig" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/ http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Dico%20Dantzig.jpg"><img title="Dico Dantzig" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Dico Dantzig" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/ http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Dico%20Dantzig.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Emprunté à la bibliothèque, lu aussitôt. Acheté en 2012 en livre de poche et relu. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">
De Charles Dantzig, j’avais déjà lu <em>Le grand livre de Proust</em> qu’il a dirigé, le genre d’ouvrage
d’agrément qu’on aime lire confortablement installé dans le fauteuil avec à
portée de main une tasse de thé et quelques biscuits. Aussi, quand je vis ce <em>Dictionnaire égoïste de la littérature
française</em> à la bibliothèque du centre culturel français de Moscou, à propos
duquel j’avais d’ailleurs lu des articles élogieux, je le pris avec
gourmandise, me réjouissant de ce goût de France que grâce à lui j’allais retrouver chez
moi.</span></p> <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Je lis rarement de livres se présentant sous forme
de dictionnaire. Je ne suis par exemple absolument pas cliente de la
collection des <em>Dictionnaire amoureux de</em>…,
même quand le sujet m’attire. Cette forme va à l’encontre de mon goût pour la
lecture continue, et je la suspecte d’être un alibi paresseux pour les auteurs
qui ne laissent pas l’œuvre en devenir leur imposer sa forme. Je fis exception pour l’ouvrage de Dantzig, dont la forme dictionnaire se prêtait idéalement au sujet; et par-delà les différentes entrées, il y avait une
unité réelle du livre.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Il y avait une unité de ton, faite d’érudition,
d’esprit, et de parti-pris esthétiques argumentés. Dantzig séparait nettement ses
goûts et ses dégoûts dans la littérature française, et il ne se gênait pas non plus pour
évoquer des écrivains étrangers. Il n’y a que les écrivains pour
tailler ainsi franchement dans le vif et mépriser les reconnaissances
obligatoires en assumant totalement leur point de vue. Je me souviens malgré
tout plus des œuvres qu’il admirait que de celles qu’il n’aimait pas. Les entrées
sur les écrivains qui l'enthousiasmaient étaient pleines de cette connaissance
amoureuse qui m’enchante : celles sur <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-1997-Marcel-Proust%2C-A-la-recherche-du-temps-perdu"><strong><em style="mso-bidi-font-style: normal;">La
Recherche</em></strong></a>, bien sûr, sur le théâtre de Racine, les <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Saint-Simon%2C-M%C3%A9moires-I-%28extraits%29"><em style="mso-bidi-font-style: normal;"><strong>Mémoires</strong></em></a> de Saint-Simon, ou les nouvelles de Scott Fitzgerald… Elle fut communicative, et je dois à Dantzig d’avoir lu des extraits des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Mémoires</em>, et d’avoir relu, après bien
des années et alors que je n’en gardais aucun souvenir, <em>Gatsby le Magnifique </em>en 2012. Je lui dois surtout la lecture du <em>Problème du style</em> de Rémy de Gourmont,
que j’achetai dans une vieille édition et lus également en 2012. Je suppose donc que mon achat de l'édition de poche du <em>Dictionnaire égoïste de la littérature française</em> et ma conséquente relecture eurent lieu la même année.<br /></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Les réflexions de Dantzig sur le style et sur ce qui fait une œuvre
sont mes principaux souvenirs du <em>Dictionnaire.
</em>En lisant l’ouvrage de Rémy de Gourmont, je me rendis compte que nombre
de ces réflexions lui devaient beaucoup, notamment sa charge contre le bien
écrire. Il n’y a pas de romans mal ou bien écrits selon leur conformité à des
règles (éviter les répétitions, ne pas abuser des adjectifs, ne pas faire de
phrases trop longues, ou respecter les règles de construction d’un personnage,
d’un dialogue…), répétait-il, mais des romans écrits ou non écrits. Le roman écrit, c’est-à-dire
pensé par son auteur, un écrivain qui connait sa langue et utilise consciemment
ses ressources, crée ses propres règles. Dantzig donnait des exemples probants,
en premier lieu avec Proust qui utilise beaucoup d’adverbes de liaison
(cependant, toutefois, etc.) et des phrases très longues qui feraient se
récrier le responsable d’un atelier d’écriture… Plus que de ne pas abuser d’adjectifs,
il importait de bien les choisir. De plus, si le style, c’est l’homme, comme
disait Buffon, la répétition faisait l’originalité de l’œuvre. Deux digressions
dans un roman pouvaient être maladroites, cinquante digressions étaient le principe
formel de <em>Vie et opinions de Tristram
Shandy</em> de Laurence Sterne (lu en1999). Lecture plaisante, ce <em>Dictionnaire</em> fut aussi une leçon de
littérature. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Mais je ne peux terminer cette recension de mes bons
souvenirs sans un bémol. Je parlai d’érudition : celle-ci impressionne facilement
tant qu’elle parcourt des terres à nous inconnues ; qu’elle vienne sur les
nôtres, et des béances apparaissent. C’est ainsi que, évoquant, sans doute en
exemple des conséquences néfastes de l’engagement de la littérature en
politique, le poète Alain Bosquet qui avait commis un pamphlet contre Soljénitsyne
au moment de la publication de <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Alexandre-Solj%C3%A9nitsyne%2C-L-archipel-du-Goulag"><em><strong>L’archipel
du Goulag</strong></em></a> (<em>Pas d’accord, Soljénitsyne !</em>
non noté, lu vers 1996), Dantzig en vient à écrire sur l’écrivain russe. En une page quel
ramassis d’erreurs factuelles ! Il y a également des illogismes au cœur du
texte : le
pamphlet est publié alors que Soljénitsyne est en prison, mais qu’il publie <em>L’Archipel</em>, où il évoque… ses années de
prison ! Le texte n’avait pas été relu attentivement. Cette page a
jeté <em>a posteriori</em> un doute sur la
fiabilité de celles déjà lues du <em>Dictionnaire
égoïste de la littérature française</em>.</span></p>
</span>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Charles-Dantzig%2C-Dictionnaire-%C3%A9go%C3%AFste-de-la-litt%C3%A9rature-fran%C3%A7aise#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/872006 - Saint-Simon, Mémoires I (extraits)urn:md5:fc49682da064b2501cd30fe81754baf72017-05-02T10:30:00+02:002021-03-26T12:28:10+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteCharles DantzigDickensGontcharovLittérature françaiseProustRenaud CamusSaint-SimonStéphane Viellard<p><a title="Saint-simon" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Saint-simon.jpg"><img title="Saint-simon" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Saint-simon" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Saint-simon.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Acheté, lu peu de temps après.</span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Les éditions pour enfants proposent couramment des romans de la grande littérature dans une version abrégée et c’est dans une telle édition que je lus <em style="mso-bidi-font-style: normal;">David Copperfield</em> de Charles Dickens. Je n’ai pas de souvenir de cette lecture, mais bien de ma déception
quand je découvris que le livre ne me l’avait pas proposé dans son intégralité. Et quand, au moment de commencer le <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillagedeslectures/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours"><strong>cahier des lectures</strong></a>, je notai les quelques classiques que je me souvenais avoir déjà lu, je ne me permis pas d’inscrire le roman de Dickens : un roman non lu dans sa version intégrale n’était pas lu !</span> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Je me promis alors de ne jamais lire de version abrégée, mais fis deux entorses à cette promesse. La première quand je lus des extraits d’<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2001-Ivan-Gontcharov%2C-Oblomov"><em><strong>Oblomov</strong></em></a> en russe. J’avais déjà lu le roman de Gontcharov en français en 2001, lecture que j’avais adorée et qui fit d’Oblomov un de mes personnages préférés de la littérature. Quand je commençai à lire en russe vers 2002, j’achetai le manuel de Stéphane Viellard, <em>Lire les textes russes </em>qui me donna l'envie et le courage de relire le roman dans l'original. Je trouvai à la librairie du Globe une version bilingue, idéale pour moi, et passai donc sur le fait qu’elle ne présentait qu’une partie – mais très significative – du roman. Les coupures étaient si bien faites qu’elles étaient presqu’imperceptibles à celui qui connaissait déjà l’histoire. </span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><p>
La deuxième exception concerne les <em>Mémoires </em>de Saint-Simon, dont les éditions Folio ont publié des extraits en trois volumes. Je n’en achetai qu’un : je ne lus donc même pas les extraits en entier… J'associais Saint-Simon à Proust, qui admirait les <em>Mémoires</em> et les fait lire à des personnages d’<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-1997-Marcel-Proust%2C-A-la-recherche-du-temps-perdu"><em><strong>A la recherche du temps perdu</strong></em></a>, la grand-mère du narrateur si je me souviens bien, et Swann si je m’en réfère à un souvenir indirect déjà <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2014-Aur%C3%A9lie-Filippetti%2C-Les-derniers-jours-de-la-classe-ouvri%C3%A8re"><strong>évoqué</strong></a> et lié à ma lecture de <em>Du sens</em> de Renaud Camus. Un écrivain que l’on aime donne envie de lire les écrivains qu’il aime. Ce fut cependant une autre lecture qui me poussa à l’achat,
celle du <em><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Charles-Dantzig%2C-Dictionnaire-%C3%A9go%C3%AFste-de-la-litt%C3%A9rature-fran%C3%A7aise"><strong>Dictionnaire égoïste de la littérature
française</strong></a></em> de Charles Dantzig, faite la même année (2006). Dantzig est un
grand lecteur de la <em>Recherche</em> et j’appréciai
beaucoup les pages où il tente de définir cette œuvre géniale par ce qu’elle n’est
pas. C'est en lien avec Proust qu'il écrit également sur Saint-Simon ; il loue sa phrase incisive, ses
métaphores très dynamiques. Nous lui devons « être
bombardé » ministre, image si populaire pour dire une promotion très rapide qu’elle est devenue un cliché.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>J’eus donc une certaine curiosité des <em>Mémoires</em>, mais n’avais pas envie de lire
les quelque sept mille pages qu’elles comptent...</p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Le refus de lire une œuvre abrégée repose sur le principe qu’une œuvre est une unité et que chaque partie est nécessaire au tout. S’il est des passages particulièrement beaux et réussis, ils le sont d’autant plus à nos yeux qu’ils
ont été préparés dans les pages précédentes par quelque détail, ou qu’ils
répondent à d’autres scènes du roman, ou par la rupture qu’ils provoquent dans le
rythme général de l’œuvre. Leur
beauté n’est pas seulement intrinsèque, elle tient aussi à leur relation au
tout. De même quand une œuvre comporte des longueurs : les raccourcir peut
bien rendre
le roman plus harmonieux sans rien enlever à l’efficacité de l’action, </span>les
longueurs en question peuvent être en soi une source de plaisir de lecture, et
en allongeant le temps de lecture, ancrer le roman dans la mémoire du lecteur. Des
mémoires, cependant, ne sont pas une œuvre
aussi achevée qu’un roman ou a fortiori un poème. Rarement conçues comme un tout,
avec sa cohérence et ses correspondances internes, plus lâches dans leur forme,
elles s’écrivent au fil de la vie. Il est donc plus justifié de n’en lire que les
belles pages pour en goûter toute la saveur, comme un vin est tout entier dans
une gorgée. </p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Je garde de ces <em>Mémoires</em>,
outre un réel plaisir de lecture tant elles sont savoureusement écrites et que
l’homme Saint-Simon, intelligent, impétueux et injuste y apparaît entier, le
souvenir de quelques scènes marquantes et l’impression générale que la vie à la
cour de Versailles était épouvantable. La surveillance généralisée, la concurrence de tous, l'ennui aussi .. l’ennui qui fait trouver de très mauvaises blagues pour se venger d’un rival, comme débouler dans sa chambre au petit matin et verser dans les draps un baquet d’eau froide. Dans ce milieu clos et débilitant, les esprits
se damnent dans la mesquinerie. Saint-Simon n’en est pas exempt, d’ailleurs, à écrire
des pages sur le respect tatillon du protocole. Il ne s’agirait pas qu’un
aristocrate s’asseye sur un tabouret auquel ni son titre, ni l’ancienneté de
son lignage ne lui donnent droit ! </span></span><div><br /><div><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Ridicule, et cependant, travaillant dans un
grand groupe, j’observe de semblables susceptibilités sur le respect de la
hiérarchie, l’ordre de préséance et bien sûr l’accès privilégié au pdg. J’ai
alors une pensée émue pour Saint-Simon, qui y serait peut-être à son affaire. </span>
</span></div></div><div><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><br /></span></span></div>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Saint-Simon%2C-M%C3%A9moires-I-%28extraits%29#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/85