Le maillage des lectures - Mot-clé - Robert MerleAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2007 - Robert Merle, La mort est mon métierurn:md5:08555e8e84caf933efd587d9cc7d5f502015-08-08T10:24:00+02:002021-03-26T14:23:38+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteHannah ArendtJonathan LittellLittérature françaiseRobert Merle<p><a title="mort_metier" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.mort_metier_s.jpg"><img title="mort_metier" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="mort_metier" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.mort_metier_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque, lu aussitôt.</span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Les billets sur <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2003-William-Golding%2C-Sa-Majest%C3%A9-des-Mouches"><strong><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Sa Majesté des Mouches</em> </strong></a>de William
Golding et <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2010-William-Styron%2C-Le-choix-de-Sophie"><strong><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le choix de Sophie</em> </strong></a>de William
Styron m’ont évoqué deux lectures relativement récentes de romans de Robert
Merle, écrivain que je ne connaissais pas avant de lire <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La mort est mon métier</em> au début de l’année 2007. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J’entendis mentionner ce roman
dans les médias français au moment où fut publié, à l’automne 2006, celui de
Jonathan Littell, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Bienveillantes</em>.
Le narrateur des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Bienveillantes</em> est un officier nazi, Max Aue, qui sans exprimer de remords raconte notamment les
massacres de Juifs dans l’Ukraine occupée auxquels il a participé. Il y eut un pseudo-débat pour savoir
si, oui ou non, il était prudent de donner la parole à un bourreau qui faisait
de nous ses complices, comme si de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Richard
III</em> à <em style="mso-bidi-font-style: normal;"><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2002-Vladimir-Nabokov%2C-Lolita">Lolita</a></strong></em> la littérature n’avait
pas maintes fois donné de telles œuvres avec un narrateur criminel, prompt
à se justifier ou revendiquant au contraire son identité de scélérat. Quelques amateurs
éclairés citèrent dans cette veine le roman de Robert Merle que, toujours
réticente à lire un ouvrage dont tout le monde parle au moment où tout le monde
en parle, je préférai lire à celui de Littell, et que j’empruntai à la
bibliothèque du centre culturel français à Moscou où je vivais alors. (Je lus <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Bienveillantes</em> plus tard, en 2010.)</span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Contrairement à Littell, Merle
écrivit une préface à son roman pour en préciser les sources documentaires, le
but moral, et prévenir le lecteur contre le narrateur. Pour cette autobiographie
imaginaire de Rudolph Hoess, commandant d’Auschwitz pendant presque tout le
fonctionnement du camp, Merle s’était appuyé sur les souvenirs que ce dernier
avait écrits en prison en attendant son jugement et l’exécution. Cependant, vérifiant
sur ce point ma mémoire avec internet, je lis que Merle, très méfiant envers un
écrit cherchant à disculper le plus possible son auteur, utilisa davantage les
comptes-rendus d’entretiens que des psychiatres eurent avec Hoess pour essayer de
comprendre son personnage.</span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Hoess me rappela Eichmann dans la description qu’Hannah Arendt en fait
dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Eichmann à Jérusalem</em> : un
homme ordinaire, presque médiocre, qui aurait pu mener une vie décente et qui se
révèle, dans un contexte historique bien particulier, l’exécuteur zélé d’un
régime totalitaire, au point d’être co-responsable d’un million de morts. Un
des ressorts de la personnalité de Hoess rendant possible cette transformation,
et mis en avant par Robert Merle dans les pages sur son éducation chrétienne
stricte, est la terreur d’être reconnu coupable d’une faute. C'est dans l’obéissance
absolue à l’ordre, quel qu’il soit, qu'il trouve une réponse à son angoisse. J’appréciai
toutefois que l’écrivain ne le lance pas, depuis une enfance triste, sur une
pente fatale, ce malgré une expérience précoce de la guerre et sa participation
aux corps-francs ; les pages sur sa vie de fermier dans l’est de l’Allemagne,
même s’il était déjà militant du parti nazi, peuvent encore laisser croire à un
autre avenir. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je me souviens de la description de la vie quotidienne de Hoess dans sa maison au camp d'Auschwitz. Pour un romancier, c'est une aubaine que d'avoir à peindre une vie de famille normale, l'éducation et les jeux des enfants, les bons repas avec les invités, alors que les invités sont un Himmler à qui l'on expose les progrès que constituent les chambres à gaz quant à la rationalisation du travail des SS et à son efficacité, et qu'autour de l'îlot de la maison flottent en permanence des fumées noires et une odeur de chair brûlée. J'écris "aubaine", mais il serait obscène pour l'écrivain de dramatiser une telle matière : Merle se tient heureusement en retrait et c'est sans effets de style qu'il laisse l'énormité de la situation s'imposer à nous. Il s'intéresse particulièrement à l'épouse, à ses pensées quand elle sait avec certitude ce qui se passe. Elle songe à fuir, à emmener ses enfants loin de cet enfer ; mais elle ne possède pas l'imagination (si je suis l'enquête de <strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2013-Pierre-Bayard%2C-Aurais-je-%C3%A9t%C3%A9-r%C3%A9sistant-ou-bourreau">Pierre Bayard</a></strong>) ni le courage propre à affronter les conséquences d'une telle rupture dans sa vie. En protestation elle se borne à faire chambre à part...</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je pus me représenter facilement les lieux décrits par Robert Merle, bien que je n'eusse pas vu ou fait bien attention à la maison de la famille Hoess située juste de l'autre côté du mur d'enceinte quand je visitai le camp d'Auschwitz en septembre 2005. La lecture du roman ne pâtit pas de la comparaison avec la visite. J'éprouvai même à le lire, comme tout bon livre sur le sujet, qu'il soit un témoignage ou une œuvre de fiction, le même accablement devant la réalité décrite. J'ai beau avoir lu un certain nombre d'ouvrages sur le nazisme (et j'y reviendrai dans un prochain <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1985-Anne-Frank%2C-Journal"><strong>billet</strong></a>), chaque lecture a beau me confirmer une lecture précédente, elle me donne le sentiment d'être première, tant la compréhension se heurte à la capacité dans le mal dont l'homme fait preuve.<br /></span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2007-Robert-Merle%2C-La-mort-est-mon-m%C3%A9tier#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/612010 - William Styron, Le choix de Sophieurn:md5:21ae4320e9c5eeac299f8671c3d7e49d2015-07-24T10:40:00+02:002021-03-26T14:29:03+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteFrédérique Leichter-FlackLecture et cinémaLittérature américaineRobert MerleWilliam Styron<p><a title="choix_Sophie" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.choix_Sophie_s.jpg"><img title="choix_Sophie" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="choix_Sophie" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.choix_Sophie_s.jpg" /></a></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque, lu aussitôt. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ces dernières années, j’ai été moins rigoureuse dans la tenue du <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours">cahier des lectures</a>. Bien que je me souvienne parfaitement avoir lu <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le choix de Sophie</em>, je ne la trouve pas notée. Je situerais cette lecture, aidée par le souvenir du lieu où je la fis, vers 2010, au plus tard été 2011. Cette lecture est irrémédiablement liée dans ma mémoire à une émission de Répliques pour laquelle Alain Finkielkraut avait invité une universitaire, Frédérique Leichter-Flack, auteur du <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Laboratoire des cas de conscience </em>(la laboratoire en question étant la littérature, pas lu), émission diffusée en 2012, et qui aborda il me semble le roman de Styron. Je vis le film adapté du roman peu après, que j’aimai mais qui, pour une fois, n’éclipsa pas le roman.</span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Pourtant, c’est par
l’affiche de ce film qui sortit en 1982 (mais que je vis peut-être plus tard) que je connus
l’existence du roman,<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>affiche d’ailleurs
en couverture de l’édition de poche qui illustre ce billet. Certains titres
nous sont familiers bien longtemps avant que nous ne lisions les œuvres. En
regardant cette affiche, j'étais loin d'imaginer ce que racontait <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le choix de Sophie</em>. Elle ne me
donnait pas envie d'aller le voir, mais ancra dans mon esprit le titre du roman
de William Styron. J'apercevais de temps en temps la photographie de l’écrivain
dans les journaux et apprenais qu'il était ou avait été, puis témoigné sur son
état dépressif. Je n'en savais pas plus sur lui, ni du roman quand je
l'empruntai à la bibliothèque je ne sais non plus pour quelle raison. </span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J'aimai que l'histoire se
passât à New York. Je ne suis jamais allée dans ce lieu névralgique de notre
imaginaire collectif, que je me représente davantage grâce au cinéma qu'à la
littérature. Spontanément, je ne peux citer que les romans de Truman Capote (<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Petit-déjeuner chez Tiffany</em>), Fitzgerald
(<em style="mso-bidi-font-style: normal;">Gatsby le magnifique</em>) et un livre
pour enfants (quatre enfants new-yorkais en vadrouille dans la ville)* dont
l’action se passe à New York ; j'exclus de cette liste le <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Voyage au bout de la nuit</em>, dont la
description est fantasmagorique. L’action du <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Choix de Sophie</em> a lieu dans le faubourg modeste de
Williamsburg : c’est là que le narrateur, apprenti écrivain venu du Sud,
échoue l’été 1947 faute d’argent pour rester à Manhattan. Il trouve une chambre
dans une pension, lieu littéraire que j’affectionne (je pense au <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Andr%C3%A9-Maurois%2C-Le-cercle-de-famille"><strong><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Cercle de famille</em> </strong></a>d’André Maurois et au <em style="mso-bidi-font-style: normal;"><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1989-Honor%C3%A9-de-Balzac%2C-Le-p%C3%A8re-Goriot">Père Goriot</a></strong></em> de Balzac) où les solitudes
provinciales se posent à leur arrivée dans la capitale et constituent, les unes
pour les autres, une porte d’entrée vers ce nouveau monde. Toute une partie du <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Choix de Sophie</em> est le roman d’éducation
du narrateur, dont les velléités notamment d’aventures érotiques confèrent une
légèreté comique à une œuvre qui est, par ailleurs, un grand roman sur la culpabilité.</span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dans la pension, le
narrateur fait la connaissance d’un couple, Sophie et Nathan, dont les
violentes disputes et les amours tout aussi bruyantes rythment la vie
quotidienne des pensionnaires. Le narrateur se laisse vite aspirer dans le
tourbillon du couple, amoureux de Sophie, séduit par Nathan, et va connaître
peu à peu le passé de Sophie qui est<span style="mso-spacerun: yes;">
</span>raconté dans de longs chapitres. Les trois êtres sont unis par un profond
sentiment de culpabilité lié à l’histoire de leur pays, ou de leur communauté
d’origine. Le narrateur doit au passé esclavagiste de sa famille sudiste les
quelques moyens dont il dispose pour tenter de devenir écrivain. Nathan,
américain juif, est psychiquement malade de vivre<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>alors que ses congénères européens ont été
exterminés. Il reporte sa culpabilité sur Sophie, immigrée polonaise, qu’il insulte, traite d'antisémite et accuse de complicité avec les meurtres de masse
accomplis, ce qu’elle supporte tant ces paroles consonent avec sa culpabilité.
Nous apprenons la faute qui la tourmente : arrêtée avec ses deux enfants, Sophie a été déportée au camp d’Auschwitz ; sur la
rampe de sélection, un médecin nazi lui a donné le choix de sauver un de ses
enfants de la mort immédiate. Elle a fini par accepter ce choix, en sacrifiant
sa fille. </span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Avant d’écouter <span style="mso-bidi-font-style: normal;">Répliques</span> et de lire quelques articles
critiques sur le roman, je ne savais pas que <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le choix de Sophie</em> était devenu paradigmatique du dilemme ou du choix
impossible. Cependant, je n’ai lu aucune critique reliant cette scène au
parcours antérieur de Sophie et au choix constant </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> à mon sens le vrai choix du titre </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> qui a été le sien avant la
guerre et pendant l’occupation : séparer son destin de l'histoire collective,
et assurer, pour ses proches et elle, un bonheur privé. Pendant sa jeunesse, Sophie
est liée à des personnes engagées : son père est un idéologue antisémite
pro-nazi, son mari à l’inverse entre en résistance dès le début de la guerre. Si elle se retrouve dans un réseau de résistance comme elle travaillait, avant,
pour son père, c'est par amour et non par conviction. Les deux hommes sont tués, le
réseau, démantelé. Sophie se concentre sur la survie de ses enfants mais elle se
fait arrêter pour possession d’un jambon. Prête à toute mesquinerie pour se
sauver elle et sa progéniture, elle se vante devant les Allemands de son père
collaborateur, puis face au médecin elle se proclame catholique et non juive
: c’est ainsi qu’elle attire son attention et le malheur sur elle. Elle
invoque à chaque fois pour elle une exception, sans comprendre qu’il n’est plus
question de se faufiler entre les malheurs des autres. En tant qu’être humain,
elle est impliquée. C’est le refus de prendre parti qui la mène à l’impasse du
choix innommable que lui propose le nazi.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Sophie tarde à le
comprendre – si elle le comprend jamais. Séparée de son fils envoyé dans le
camp des enfants, travaillant comme dactylo dans la maison du commandant d'Auschwitz Rudolf Hoess, retour d'une terrible ironie à ses débuts quand elle tapait les manuscrits de son père, elle tente
encore de sauver l’enfant qui lui reste en séduisant Hoess. Mais elle échoue et
n’aura plus jamais de nouvelles de son fils. </span><span style="color: black; font-family: "Lucida Grande"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><span style="mso-spacerun: yes;"> </span></span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Les pages sur la vie de Sophie dans
la maison de Rudolf Hoess m’évoquèrent le roman de Robert Merle <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2007-Robert-Merle%2C-La-mort-est-mon-m%C3%A9tier"><em><strong>La mort est mon métier</strong></em></a>, lu en 2007, autobiographie
imaginaire mais documentée du même homme : comme Robert Merle, William Styron
dut consulter les souvenirs que Hoess avait écrits en prison, car je reconnus le
personnage.</span></p>
<p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je vis le film qui se concentre sur
l’histoire de Sophie jouée par Meryl Streep. Sophie est totalement
incarnée par l’actrice qui la porte de la Pologne à l’Amérique sur plus de dix
ans, dans différentes langues et différentes silhouettes. Elle évite le
mélodrame dans les scènes très risquées, est constamment juste dans l’expression
des sentiments. Meryl Streep est sublime. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">* <em>Le club du samedi </em>d'Elizabeth Enright</span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2010-William-Styron%2C-Le-choix-de-Sophie#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/602003 - William Golding, Sa Majesté des Mouchesurn:md5:7d83ed2fc801e62638a85e30df39f39b2015-05-27T19:35:00+02:002021-03-26T14:40:08+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteComtesse de SégurLittérature anglaiseMalcolm LowryRobert MerleWilliam Golding<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><a title="Mouches" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Mouches_s.jpg"><img title="Mouches" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Mouches" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Mouches_s.jpg" /></a>Acheté, lu quelque temps plus tard.</span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je
ne sais pas comment j'eus l'idée d'acheter ce livre car je
n'avais jamais entendu parler de William Golding ni de ce roman
pourtant célèbre, à ce que j'appris par la suite,
et adapté au cinéma par Peter Brook. Je dus le voir en
librairie et la quatrième de couverture m'incita à
l'acheter, ce qui n'est pas habituel. Le fait que l'histoire se passe
sur une île, lieu réel et imaginaire que j'affectionne,
fut sans doute un déclencheur. Je laissai toutefois passer
quelque temps <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> plusieurs mois, voire un ou deux ans <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> avant de le lire.
</span> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ce
qui est plus clair dans mon esprit est pourquoi j'ai envie
d'écrire un billet sur lui : l'idée m'en est venue en
écrivant sur la comtesse de Ségur. Outre la <strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1983-Comtesse-de-S%C3%A9gur%2C-Les-vacances">trilogie</a></strong> des Fleurville, j'ai un souvenir assez marqué de <em>Quel amour d'enfant ! </em>J'aimais
beaucoup ce roman que je lus plus d'une fois et que j'eus même
l'idée saugrenue de recopier dans un cahier <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> je ne suis pas
certaine de l'avoir fait en entier mais me souviens que je m'installais
par terre devant la table basse du salon et pendant que le reste de la
famille regardait la télévision ou vaquait à toute
autre occupation, je copiais, tel un Bouvard et Pécuchet de la
littérature. J'aimais les cahiers, j'aimais écrire
mais ne savais pas quoi : je m'appropriai ce roman aimé. "Quel
amour d'enfant !" était l'exclamation par laquelle les parents de
Gisèle commentaient amoureusement le moindre caprice, la moindre
colère de leur fille. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Et
je pensai au grand thème de l'aveuglement parental, et plus
largement de l'aveuglement des adultes face aux enfants. Les
adultes sous-estiment les sentiments des enfants, leur intelligence,
leurs capacités ; ils surestiment
leur compréhension intellectuelle ; ils
surinterprètent leurs émotions ; ils négligent
leur parole si elle ne vient pas sous leur dictée : bref, ils
sont rarement à bonne hauteur et se trompent ordinairement. Et
me revint alors en mémoire la chute de <em>Sa Majesté des Mouches</em>
: quand des enfants naufragés sur une île sont enfin
retrouvés, la vie qu'ils ont connue et qui leur a fait
éprouver tous les sentiments humains et apporter les
réponses de la civilisation est traitée avec
condescendance par les adultes, réduisant cela à des
"jeux d'enfants". Alors les gamins, vous vous êtes bien
amusés ? Oui, il y a eu meurtre. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><em>Sa Majesté des Mouches </em>n'est
pas tant un roman sur les enfants qu'un conte sur l'enfance de
l'humanité. S'aveugler sur l'enfance est s'aveugler sur soi. L'histoire est
visiblement un conte moral, désireux de montrer l'effort rationnel et
spirituel que doit fournir l'être humain pour maîtriser ses émotions et
construire un monde habitable dans une nature qui n'est pas à notre mesure. A
aucun moment pourtant l'intention morale de l'auteur ne s'appesantit sur le
récit et les personnages des enfants prennent vie très rapidement,
distingués par leur âge <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> les tout petits qui seront à protéger et qui
restent sur le rivage et les plus grands qui organisent la survie <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> et
le sentiment qui les domine. L'intensité et la gravité propres à cet
âge sont merveilleusement rendues, et nous voyons l'île à travers leurs
yeux : ses paysages grandioses dégagent une énergie dont la force
s'impose à nous comme elle s'impose aux enfants telle une présence
mystérieuse. L'inquiétude que suscite la nature se transforme en
émotion esthétique et spirituelle chez l'un des enfants, le poète ; il vivra une
expérience mystique, dans de très belles pages qui dans mon souvenir
valent celles d'<em>Au-dessous du volcan</em>
de Malcolm Lowry, autre Anglais lyrique. L'autre personnage-clé parmi
les enfants est le bon chef qui accepte la charge du pouvoir au nom
du service et de la responsabilité. Dans son abnégation et sa volonté
de protection des tout petits, il m'évoque l'Emmanuel dans <em>Malevil</em>
de Robert Merle, lu en 2011, roman qui aborde une problématique proche
(une communauté organise sa survie après une catastrophe nucléaire). Avec ses fidèles, il s'oppose au groupe d'enfants-chasseurs chez qui
est né, avec le meurtre, le désir de puissance et de domination pour
ses propres intérêts. L'affrontement entre les deux groupes est un pur
moment d'exaltation !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><em>Sa Majesté des Mouches</em>
nous rend à notre enfance. Le roman nous dit qu'elle n'est pas un état
que l'on quitte définitivement au-delà d'un certain âge ; elle est la
strate primordiale de notre personne, celle des peurs, des joies et des
rêves, qui nous meut jusqu'à la mort et que la raison doit reconnaître
humblement avant de la couronner. On n'est pas sérieux quand on oublie
son enfance. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2003-William-Golding%2C-Sa-Majest%C3%A9-des-Mouches#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/55