Le maillage des lectures - Mot-clé - RichelieuAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear1993 - Alexandre Dumas, Les trois mousquetairesurn:md5:74814b281740741b85769f07faf11c7d2014-10-27T20:11:00+01:002021-03-26T15:38:33+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteDostoïevskiDumasLittérature françaiseMaurice DruonRichelieu<p><a title="Trois_mousquetaires" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Trois_mousquetaires_s.jpg"><img title="Trois_mousquetaires" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Trois_mousquetaires" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Trois_mousquetaires_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Acheté, lu aussitôt</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Quand vous êtes amené à lire un roman parce que le livre est un bel objet... En haut du boulevard Saint-Michel un dimanche après-midi je tombai en arrêt devant l'étal qu'un libraire avait installé sur le trottoir : mon œil avait été attiré par un gros livre à couverture rouge qui rassemblait les deux plus célèbres romans d'Alexandre Dumas, la trilogie des <em>Trois mousquetaires</em>, <em>Vingt ans après</em>, <em>Le vicomte de Bragelonne</em>, et <em>Le comte de Monte-Cristo, </em>lectures de jeunesse que je fis adulte. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">La maison Jean-Claude Lattès proposait un fac-similé
d'une belle édition du XIXème siècle : j'ouvris
l'ouvrage, et le texte présenté sur deux larges colonnes
ainsi que les gravures reproduites me séduisirent
immédiatement. J'aimai également le
caractère encombrant du livre, trente centimètres de
long, une bonne dizaine en hauteur, trois à quatre kilogrammes de
pages, parent des énormes bibles que les prêtres utilisent
pendant la messe : je tenais entre mes mains un digne
représentant du Livre. Je ne le transporterais pas dans mon sac,
encore moins dans la poche ; il ne fut pas glissé parmi
d'autres sur une étagère : il trôna sur la
commode, réorganisa tout l'espace de ma chambre
d'étudiante autour de sa présence. Où que l'on se
tînt, où que l'on regardât, il accrochait le regard, le
retenait amoureux sur lui, appelant à être saisi,
à être feuilleté. Il tint sa place-reine une
année entière. Pendant de nombreux jours, j'attendis avec
impatience le moment de la journée où je pourrais le
prendre dans les bras et l'ouvrir solennellement pour me plonger dans
sa lecture. </span>
</p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dans le billet sur <em><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1980-Georges-Chaulet%2C-Fant%C3%B4mette"><strong>Fantômette</strong></a></em>,
j'ai affirmé qu'il n'y avait pas de livres pour adolescents, ce
qui a suscité des répliques tout aussi affirmatives dans
le sens contraire. Et en effet, <em>Les trois mousquetaires </em>ne
sont-ils pas un bon exemple de lecture pour adolescents ? Sauf qu'ils
sont un tout aussi bon exemple de lecture pour enfants, et que la
lecture que j'en fis adulte (certes débutante, j'avais vingt
ans) fut jubilatoire. Je vais évoquer ici les quelques souvenirs que j'ai de la trilogie entière, bien que je n'aie lu <em>Vingt ans après</em> qu'en 1999, soit six ans plus tard, et <em>Le vicomte de Bragelonne</em> en 2002. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je pense avoir eu autant de plaisir
à lire les aventures des quatre héros de Dumas que
n'importe quel enfant ou adolescent. Je tressaille toujours au souvenir
de la décapitation du roi Charles Ier d'Angleterre, dans <em>Vingt ans après</em>, à laquelle avec d'Artagnan nous
assistons cachés sous les planches de l'estrade où se dresse l'échafaud et au
travers desquelles s'écoule le sang royal, et la dernière
parole : "<em>Remember!</em>" Hitchcock
affirmait qu'un film était réussi quand son personnage
méchant était réussi : Milady et son fils sont
magnifiques. Mais à ce plaisir du
récit qui transporte dans une autre époque, du rythme
rapide auquel s'enchaînent les
péripéties, sans qu'elles soient
précipitées, de l'humour de Dumas, qu'à chaque
âge on peut apprécier, s'ajouta un plaisir plus
spécifiquement adulte, celui de voir l'écrivain
travailler le matériau historique. J'ai conscience qu'en
écrivant ceci, je suppose que l'adulte a un plus
grand savoir que l'adolescent : généralisation abusive.
Mais c'est une manière de dire qu'une lecture adulte, faite
après un plus grand nombre de lectures et plus
d'expérience de vie, dispose d'un peu plus de recul qu'une
lecture adolescente, et a fortiori, enfantine, et que ce recul peut se
révéler un atout même dans le cas de romans
d'aventures comme <em>Les trois mousquetaires</em>. Dans mon cas précis, il se trouve que j'avais lu l'année précédente le <em>Testament politique</em>
de Richelieu : quel plaisir éprouvai-je quand je lus le portrait
que Dumas faisait de Richelieu, politique génial et cardinal
maléfique ! Et je fus sensible à la finesse politique des dialogues qui prouvait que
Dumas avait été un lecteur attentif du <em>Testament</em>, ce dont je suis incapable aujourd'hui de donner un seul exemple. Il était aussi amusant de le voir profiter des
moindres lacunes de la connaissance, des moindres interstices que les
rumeurs et les légendes créent dans la matière
historique, pour y frayer sa logique romanesque. J'eus un plaisir semblable
en lisant, l'année suivante, <em>Les rois maudits</em> de Maurice Druon.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Il
est vrai que la lecture adolescente a ses particularités. Comme
la lecture enfantine,
elle est davantage de plain-pied avec l'œuvre ; à la
différence de la lecture enfantine, elle est avide de
personnages et d'histoires qui mettent en exergue les questions
fondamentales de l'existence humaine : elle est disposée
à la tragédie ; elle veut être choquée,
violentée dans ses
certitudes héritées de l'enfance, c'est-à-dire de
la famille et du milieu social. Aussi l'adolescence peut être
dit âge privilégié pour lire des
écrivains comme <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1991-F%C3%A9dor-Dosto%C3%AFevski%2C-Les-fr%C3%A8res-Karamazov"><strong>Dostoïevski</strong></a> (que j'aimai tant
à cet âge <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/199-F%C3%A9dor-Dosto%C3%AFevski%2C-Les-d%C3%A9mons"><strong>alors que j'eus beaucoup de mal à le
relire plus tard</strong></a>). Je continuerai donc à affirmer qu'il
n'existe pas d'œuvres spécifiques pour adolescents, mais
j'ajouterai que pour certaines, l'adolescence est la meilleure
époque de la vie pour les lire, celle où elles auront le
plus de chances de provoquer une rencontre. <br /></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-Alexandre-Dumas%2C-Les-trois-mousquetaires#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/40