Le maillage des lectures - Mot-clé - Renaud CamusAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2006 - Saint-Simon, Mémoires I (extraits)urn:md5:fc49682da064b2501cd30fe81754baf72017-05-02T10:30:00+02:002021-03-26T12:28:10+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteCharles DantzigDickensGontcharovLittérature françaiseProustRenaud CamusSaint-SimonStéphane Viellard<p><a title="Saint-simon" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Saint-simon.jpg"><img title="Saint-simon" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Saint-simon" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Saint-simon.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Acheté, lu peu de temps après.</span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Les éditions pour enfants proposent couramment des romans de la grande littérature dans une version abrégée et c’est dans une telle édition que je lus <em style="mso-bidi-font-style: normal;">David Copperfield</em> de Charles Dickens. Je n’ai pas de souvenir de cette lecture, mais bien de ma déception
quand je découvris que le livre ne me l’avait pas proposé dans son intégralité. Et quand, au moment de commencer le <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillagedeslectures/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours"><strong>cahier des lectures</strong></a>, je notai les quelques classiques que je me souvenais avoir déjà lu, je ne me permis pas d’inscrire le roman de Dickens : un roman non lu dans sa version intégrale n’était pas lu !</span> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Je me promis alors de ne jamais lire de version abrégée, mais fis deux entorses à cette promesse. La première quand je lus des extraits d’<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2001-Ivan-Gontcharov%2C-Oblomov"><em><strong>Oblomov</strong></em></a> en russe. J’avais déjà lu le roman de Gontcharov en français en 2001, lecture que j’avais adorée et qui fit d’Oblomov un de mes personnages préférés de la littérature. Quand je commençai à lire en russe vers 2002, j’achetai le manuel de Stéphane Viellard, <em>Lire les textes russes </em>qui me donna l'envie et le courage de relire le roman dans l'original. Je trouvai à la librairie du Globe une version bilingue, idéale pour moi, et passai donc sur le fait qu’elle ne présentait qu’une partie – mais très significative – du roman. Les coupures étaient si bien faites qu’elles étaient presqu’imperceptibles à celui qui connaissait déjà l’histoire. </span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><p>
La deuxième exception concerne les <em>Mémoires </em>de Saint-Simon, dont les éditions Folio ont publié des extraits en trois volumes. Je n’en achetai qu’un : je ne lus donc même pas les extraits en entier… J'associais Saint-Simon à Proust, qui admirait les <em>Mémoires</em> et les fait lire à des personnages d’<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-1997-Marcel-Proust%2C-A-la-recherche-du-temps-perdu"><em><strong>A la recherche du temps perdu</strong></em></a>, la grand-mère du narrateur si je me souviens bien, et Swann si je m’en réfère à un souvenir indirect déjà <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2014-Aur%C3%A9lie-Filippetti%2C-Les-derniers-jours-de-la-classe-ouvri%C3%A8re"><strong>évoqué</strong></a> et lié à ma lecture de <em>Du sens</em> de Renaud Camus. Un écrivain que l’on aime donne envie de lire les écrivains qu’il aime. Ce fut cependant une autre lecture qui me poussa à l’achat,
celle du <em><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Charles-Dantzig%2C-Dictionnaire-%C3%A9go%C3%AFste-de-la-litt%C3%A9rature-fran%C3%A7aise"><strong>Dictionnaire égoïste de la littérature
française</strong></a></em> de Charles Dantzig, faite la même année (2006). Dantzig est un
grand lecteur de la <em>Recherche</em> et j’appréciai
beaucoup les pages où il tente de définir cette œuvre géniale par ce qu’elle n’est
pas. C'est en lien avec Proust qu'il écrit également sur Saint-Simon ; il loue sa phrase incisive, ses
métaphores très dynamiques. Nous lui devons « être
bombardé » ministre, image si populaire pour dire une promotion très rapide qu’elle est devenue un cliché.<span style="mso-spacerun: yes;"> </span>J’eus donc une certaine curiosité des <em>Mémoires</em>, mais n’avais pas envie de lire
les quelque sept mille pages qu’elles comptent...</p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Le refus de lire une œuvre abrégée repose sur le principe qu’une œuvre est une unité et que chaque partie est nécessaire au tout. S’il est des passages particulièrement beaux et réussis, ils le sont d’autant plus à nos yeux qu’ils
ont été préparés dans les pages précédentes par quelque détail, ou qu’ils
répondent à d’autres scènes du roman, ou par la rupture qu’ils provoquent dans le
rythme général de l’œuvre. Leur
beauté n’est pas seulement intrinsèque, elle tient aussi à leur relation au
tout. De même quand une œuvre comporte des longueurs : les raccourcir peut
bien rendre
le roman plus harmonieux sans rien enlever à l’efficacité de l’action, </span>les
longueurs en question peuvent être en soi une source de plaisir de lecture, et
en allongeant le temps de lecture, ancrer le roman dans la mémoire du lecteur. Des
mémoires, cependant, ne sont pas une œuvre
aussi achevée qu’un roman ou a fortiori un poème. Rarement conçues comme un tout,
avec sa cohérence et ses correspondances internes, plus lâches dans leur forme,
elles s’écrivent au fil de la vie. Il est donc plus justifié de n’en lire que les
belles pages pour en goûter toute la saveur, comme un vin est tout entier dans
une gorgée. </p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Je garde de ces <em>Mémoires</em>,
outre un réel plaisir de lecture tant elles sont savoureusement écrites et que
l’homme Saint-Simon, intelligent, impétueux et injuste y apparaît entier, le
souvenir de quelques scènes marquantes et l’impression générale que la vie à la
cour de Versailles était épouvantable. La surveillance généralisée, la concurrence de tous, l'ennui aussi .. l’ennui qui fait trouver de très mauvaises blagues pour se venger d’un rival, comme débouler dans sa chambre au petit matin et verser dans les draps un baquet d’eau froide. Dans ce milieu clos et débilitant, les esprits
se damnent dans la mesquinerie. Saint-Simon n’en est pas exempt, d’ailleurs, à écrire
des pages sur le respect tatillon du protocole. Il ne s’agirait pas qu’un
aristocrate s’asseye sur un tabouret auquel ni son titre, ni l’ancienneté de
son lignage ne lui donnent droit ! </span></span><div><br /><div><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Ridicule, et cependant, travaillant dans un
grand groupe, j’observe de semblables susceptibilités sur le respect de la
hiérarchie, l’ordre de préséance et bien sûr l’accès privilégié au pdg. J’ai
alors une pensée émue pour Saint-Simon, qui y serait peut-être à son affaire. </span>
</span></div></div><div><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><br /></span></span></div>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Saint-Simon%2C-M%C3%A9moires-I-%28extraits%29#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/852014 - Aurélie Filippetti, Les derniers jours de la classe ouvrièreurn:md5:fda7d2cf4a2fea016237add6c01cf4842016-10-12T14:38:00+02:002021-03-26T12:36:54+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteAurélie FilippettiLittérature françaiseMalaparteProustRenaud Camus<p><a title="Classe_ouvrière" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Classe_ouvri%C3%A8re.jpg"><img title="Classe_ouvrière" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Classe_ouvrière" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Classe_ouvri%C3%A8re.jpg" /></a></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Emprunté à une amie, lu aussitôt.</span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">L'occasion
fait le lecteur : en vacances chez des amis, vous regardez la
bibliothèque, et apercevez un livre qui suscite votre curiosité. Vous
en avez entendu parler, vous en avez lu des critiques élogieuses ou
assassines. Pour peu que vous ayez négligé d'emporter un livre ou que
celui que vous avez vous ennuie, et que le livre de vos amis soit assez
court pour être lu pendant le temps de ce séjour, vous demandez si vous
pouvez le prendre. L'hôte vous l'accorde bien volontiers, et approuve
en ajoutant : "Tu verras, c'est intéressant." Alerte !</span> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">L'adjectif
"intéressant" est probablement celui qui vient le plus souvent,
et souvent en premier quand on veut qualifier un livre ou un film dont
on discute avec une connaissance. "C'est bien ?" demande-t-elle. On a
envie de répondre avec un adjectif qui résumerait son opinion sur l'œuvre, car on sent que la personne qui pose la
question n'a pas forcément l'envie de suivre les méandres
d'une réflexion. Or un tel niveau de synthèse demanderait
qu'on ait au préalable analysé l'œuvre et son rapport
à l'œuvre, puis qu'on ait la capacité de ramasser le
résultat d'une telle analyse en un seul adjectif ; autant dire
que ce véritable travail d'écrivain demande
également un peu de temps... Si l'on n'est pas ébloui par
l'œuvre, ni submergé par l'émotion, ce qui se traduirait par des "magnifique, passionnant, génial" (on ne
prétend pas à l'originalité), on se rabat alors
sur cet adjectif de secours, "intéressant", lieu commun du
jugement qui invoque généralement le sujet de l'œuvre.
Il ne s'agit pas d'un jugement esthétique, mais d'un jugement
moral, celui qu'on est le plus enclin à porter, même sur
une œuvre d'art. </span></p>
<p><span style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">C'est Renaud Camus, dans <em>Du sens</em>
(lu en 2002) qui m'a ouvert les yeux à ce sujet. Analysant le
rapport au sens de divers personnages chez Proust, il s'attarde sur les
deux vieilles tantes du narrateur et leur façon de porter un
regard moralisant sur tout, qui les rend incapables d'apprécier
le choix d'un mot, la beauté d'un tour, parce que ce qui est en
cause est moralement répréhensible (il me semble que
c'est à propos d'une phrase de Saint-Simon, un des
écrivains favoris de Proust). Elles citent en revanche
avantageusement un livre qu'elles ont lu, qu'elles qualifient
d'intéressant, et elles invoquent son sujet... un ouvrage
sur les coopératives suédoises, tout ce qu'il y a de plus
intéressant, dit à peu près la phrase. Par ce
choix comique, les coopératives suédoises devant
intéresser peu de monde, Proust attire l'attention sur une
lecture courante, celle qui ramène la réussite de
l'œuvre à la nature de son sujet. Il suffit de lire les
articles de presse, d'écouter les autres, de s'écouter
soi, pour le reconnaître : le plus souvent, on ne parle que du
sujet. Cela peut signifier deux choses : soit on est incapable de
porter un jugement esthétique ; soit l'œuvre ne
décolle pas de son sujet et elle est donc ratée. Par
indulgence, on la crédite malgré tout d'une bonne
idée de départ, d'un sujet intéressant.</span>
</p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Ainsi, quand cette amie m'a dit que<em> Les derniers jours de la classe ouvrière*</em>
d'Aurélie Filippetti était intéressant, me suis-je
doutée que le livre allait être mauvais. Car sa phrase,
qui dans sa bouche était de nature élogieuse (d'un éloge mesuré), rejoignait
ce que j'avais lu dans les journaux, qui avaient tous mis l'accent sur
l'intérêt du sujet. Ce n'était pas les
coopératives suédoises, certes : c'était les
ouvriers d'origine italienne travaillant dans la sidérurgie
près de la frontière luxembourgeoise, et l'on ne parle
pas beaucoup du Luxembourg dans la littérature. </span>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Il
s'agissait des dernières années avant que la fin de l'industrie
sidérurgique ne dévaste la région ; les dernières années d'existence
d'ouvriers ayant une conscience de classe et attachés à leur dur métier
parce que le mode de vie qu'il nécessitait était porteur d'une culture,
qu'ils opposaient à celle des bourgeois. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">L'auteur est
devenu par la suite ministre de la Culture, et d'aucuns se sont réjouis
qu'à nouveau, après Malraux, un écrivain prenne la tête de ce
ministère. Erreur, non seulement parce qu'Aurélie
Filippetti ne fut pas un grand ministre, mais parce que la lecture de son roman montre qu'elle est
davantage une militante en littérature qu'un écrivain en politique. Le
dispositif littéraire de son livre, le retour au pays d'une
descendante, témoin de ces dernières années, qui au détour du paysage
se souvient du pays qu'elle a quitté, ne change rien à sa nature
documentaire. L'aspect plus personnel de son roman se réduit à des
anecdotes familiales qui, encadrées par l'histoire sociale,
n'entretiennent pas de lien formel nécessaire avec elle. L'hommage
qu'elle rend à sa famille perd de sa pertinence ; celui qu'elle rend
aux ouvriers ressemble à un hommage d'élu politique, moralisateur et convenu.
Et si on peut la remercier d'avoir au moins évité l'emphase, autre défaut propre à l'orateur politique, on regrette la platitude de l'ensemble. </span></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Faute d'être littéraire, l'hommage rate et accomplit le contraire : il renvoie ceux qu'il voulait honorer dans
l'oubli. Ainsi évoque-t-elle le cas d'un ouvrier, qu'une chute fait disparaître à jamais dans un haut
fourneau. Elle le fait en une page – tout le monde est sous le choc, c'est
terrible, on arrête de travailler – puis enchaîne sur un souvenir de
famille. De cet événement atroce, elle ne fait rien. Il faut que le
lecteur fasse un grand effort pour s'arrêter sur ce passage, imaginer
ce qui n'est pas écrit. Voulait-elle signifier que c'était de l'ordre
de l'indicible? Rien de la sorte. J'ai rêvé à ce qu'un Malaparte,
dont j'avais lu <em>Kaputt</em>
l'année précédente, aurait pu écrire à partir d'un tel fait. Faute de
talent, l'ouvrier avait été englouti une seconde fois. </span></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Ne nous contentons pas de romans au sujet intéressant !<br /><br /><em>* Je ne suis pas sûre de l'illustration choisie : je l'ai peut-être lu en poche.</em><br /></span></span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2014-Aur%C3%A9lie-Filippetti%2C-Les-derniers-jours-de-la-classe-ouvri%C3%A8re#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/812000 - Renaud Camus, Répertoire des délicatesses du français contemporainurn:md5:1453e55debc861087cdb7d70ffb971a62016-06-02T17:18:00+02:002021-03-26T12:43:43+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteLangue françaiseLittérature françaisePlatonRenaud Camus<p><a title="delicatesses" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.delicatesses_s.jpg"><img title="delicatesses" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="delicatesses" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.delicatesses_s.jpg" /></a></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Acheté, lu aussitôt.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">J'entendis parler de cet ouvrage au moment de son édition en écoutant l'émission <em>Répliques</em>
où Alain Finkielkrault avait invité Renaud Camus à parler de la langue française. J'eus tout de suite envie
de le lire et achetai donc le <em>Répertoire des délicatesses du français contemporain. </em></span>
</p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Mon goût pour la grammaire me fut révélé par mon professeur de français et de latin de troisième qui en était lui-même féru. Ce fut tardivement, néanmoins, après mes
études, que je lus plusieurs ouvrages sur la langue
française,
la grammaire, la ponctuation, les techniques de style. Je crois que
celui de
Renaud Camus fut le premier dans le genre : le travail sur mon <strong><a title="Portrait_Soljenitsyne" hreflang="fr" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/soljenitsyne_un_destin.html">portrait
de
Soljénitsyne</a></strong>, commencé fin 2000, favorisa ce
type de lectures. Cet ouvrage-là, pourtant, avait peu à voir avec l'art
d'écrire, quoiqu'un certain nombre de ses remarques se prête à une
meilleure maîtrise de la syntaxe : je pense notamment à celles sur
l'interrogation indirecte (<em>je me demande ce que cela signifie</em>)
sur lesquelles je reviendrai plus loin. Camus se centre davantage sur
l'usage de la langue, oral autant qu'écrit. Lire un tel ouvrage ouvre
les yeux et affine l'ouïe : les <em>c'est vrai que</em>, les <em>bon appétit</em>, <em>bonne journée</em>, <em>bonne continuation</em> souhaités en continu, l'inattention aux niveaux de langage (<em>le gouvernement a entendu la grogne des profs</em>), l'air débraillé des diminutifs (<em>professeur</em> devenu systématiquement <em>prof, </em>dont la principale qualité, quand il ne grogne pas, est d'être <em>sympa</em>), les prononciations fautives des finales, le tic célinien des redondances nom-pronom ou préposition-pronom (<em>le président, il a raison</em>... <em>c'est de cette situation dont je veux parler</em>....), et enfin l'immonde intrusion du pronom interrogatif dans une phrase indirecte, <em>je me demande qu'est-ce que cela signifie..</em>. : tout dorénavant me sautait aux yeux et aux oreilles tant Camus accrut ma conscience du langage parlé. <br /></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Me
plut particulièrement le fait que Renaud Camus reliât cet état du
langage à une sociologie, et qu'il n'hésitât pas à parler de classes
sociales. Il prenait ses exemples auprès de l'élite intellectuelle du
pays, qui trahissait par sa langue, quand elle s'exprimait dans ses journaux de référence ou aux
radios d'Etat (médias que lui-même, ajoutait-il, lisait et écoutait), un esprit petit-bourgeois. Il constatait
avec consternation que cet esprit petit-bourgeois avait triomphé dans
la population puisqu'il avait gagné toutes les couches sociales,
jusqu'aux soi-disant cultivées. L'esprit petit-bourgeois était
caractérisé, selon Renaud Camus, par le culte de l'authenticité, de la
spontanéité, la haine de la médiation et celle de la forme, considérée
comme oppressante et hypocrite, un obstacle entre soi et soi : ce qu'il
appelait l'idéologie du "soi-mêmisme". Un
esprit qui hait l'art et la culture, ajouterais-je (je ne sais plus si
Camus l'écrivait) et je tenterai de développer l'idée dans un autre
billet. <br /><br />L'évolution du sens des mots reflète une évolution de
la mentalité générale d'une époque et d'une société. La syntaxe révèle
sa façon de penser. Les fautes commises indiquent, tout autant qu'une
baisse de niveau, la moindre attention portée à la maîtrise de la
langue. On donne la priorité à l'expression spontanée de chacun ; on
accorde moins de temps à la relecture, on accorde moins d'argent à la
correction (dans les journaux ou l'administration par exemple). Les
nouveaux usages se généralisent ; d'abord fautifs par rapport à l'état précédent de la langue, ils s'imposent comme la nouvelle norme. <br /><br />Il
est des raisons de s'en désoler quand le nouvel usage conduit à un
appauvrissement du sens. Des nuances se perdent. Je pense ainsi à
l'évolution du mot <em>fascination</em> qui souffre de ressembler à l'anglais <em>fascination </em>– et frappante est la ressemblance à l'écrit – alors
que le mot en anglais n'a pas l'ambiguïté que porte le mot en français.
Les Français tendent à l'utiliser dans l'unique sens "d'attirance très
forte", comme les Anglais, renonçant à la complexité du mot français
qui exprime un mélange d'attirance et de répulsion ; si bien qu'il est
très courant aujourd'hui de lire <em>un mélange de fascination-répulsion</em> ! Le
pire est encore ailleurs, dans la syntaxe des phrases complexes. Elles
sont plus difficiles à manier : les fautes peuvent être dues à une
maîtrise insuffisante du français ou, momentanément, à l'effet d'une
émotion trop forte qui vient perturber le bon fonctionnement de
l'esprit. Mais il suffit d'écouter régulièrement France Culture, et
depuis ma lecture de Camus, je n'entends qu'elles, pour se rendre à
l'évidence : elles sont le fait de 80 % des intervenants, journalistes,
experts, universitaires et artistes divers... Il s'agit donc d'un
mouvement de fond. Dans le cas de l'interrogation indirecte, les
guillemets sont supprimés et l'interrogation la plus familière
et redondante (<em>qu'est-ce que ?</em>) est intégrée directement à la phrase : <em>Je me suis demandé : "Qu'est-ce que cela signifie ?</em>" devient <em>Je me suis demandé qu'est-ce que cela signifie</em>.
Le locuteur nous met d'office à sa place et nous nous posons la
question avec lui : il nous impose son point de vue, sans distance
subjective, ni temporelle (contrairement au style indirect libre). Il
est remarquable qu'en résultat, le désir de spontanéité et de
permanence du présent s'exprime dans une phrase plus lourde que si l'on
avait employé l'interrogation indirecte. <br />Cette lourdeur se
retrouve dans l'usage de conjonctions de subordination souvent collées
à la préposition du verbe de la principale. Combien de fois entend-on,
toujours sur France Culture, des "Il faut réfléchir <em>à comment</em> utiliser les nouvelles ressources" ou bien "L'artiste nous interroge <em>sur comment</em>
réduire le gaspillage" ? On entend bien, normalement, que les deux
propositions se relient mal : le locuteur a beau les forcer, la
préposition et l'adverbe sont deux pôles chargés identiquement qui se
refusent à toute attache. Un nom au lieu du verbe dans la proposition
subordonnée simplifierait la liaison : "Il faut réfléchir à <em>l'utilisation</em> des nouvelles ressources", "L'artiste nous interroge sur <em>la réduction</em> du gaspillage". Les phrases ne sont pas géniales ; au moins sont-elles fluides. La volonté d'utiliser à tout prix un verbe vient là encore d'une
influence de l'anglais. Récemment, suite au <strong><a title="Portrait_Soljenitsyne" hreflang="fr" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2004-Pierre-Guyotat%2C-Eden-Eden-Eden">billet</a></strong> sur ma lecture de
Guyotat, j'ai pensé ceci : L'élite française veut réformer le pays
pour le rendre conforme au modèle managérial qui domine la
mondialisation. Elle rêve d'action à l'anglo-américaine. Pour commencer
la réalisation de son rêve, elle fait appel aux forces magiques du
langage. Elle emprunte les mots de l'anglais, copie ses néologismes, sa
syntaxe, multiplie les verbes, pour au plus vite <em>acter</em> ses réformes et que celles-ci <em>impactent</em>
la société française. Mais on l'entend dans la langue : cet usage censé
dynamiser la phrase la rend balourde, molle et sans rythme. Trente ans
que la copie ne prend pas. Il est urgent de changer, d'agir, dit-on,
mais tout n'est que vaine agitation : comme sa langue, la France
malmenée s'embourbe et s'immobilise dans des soubresauts pathétiques. <br /><br />Pour revenir au <em>Répertoire des délicatesses du français contemporain</em>, c'est là – ou dans l'émission de Finkielkrault qui lui était consacrée – que j'entendis parler de ce dialogue de Platon, <em>Cratyle</em>,
où l'on discute de la nature des mots. Le mot est-il un signe
arbitraire choisi par convention pour désigner une chose, et donc
ayant une histoire, ou bien est-il intrinsèquement lié à la chose,
l'étymologie donnant sa vérité (l'opinion de Cratyle) ? Camus concluait
que la première opinion était la plus rationnelle, mais montrait un
penchant pour celle de Cratyle. Son <em>Répertoire</em>
est pourtant passionnant en cela qu'il révèle, par l'étude de l'usage
actuel de la langue, l'état spirituel de la société française. Il est
donc aussi anti-cratylien. C'est cet équilibre entre deux tendances
opposées de Camus, ce dialogue qu'il mène tout au long des pages du <em>Répertoire</em>, qui fait toute la valeur de cet ouvrage qui est grande car il nourrit la réflexion des années après sa lecture.
</span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2000-Renaud-Camus%2C-R%C3%A9pertoire-des-d%C3%A9licatesses-du-fran%C3%A7ais-contemporain#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/771989-1997 - Marcel Proust, A la recherche du temps perduurn:md5:a44663cce8949331b6c3e7d45f895e402015-02-06T19:51:00+01:002021-03-26T15:09:55+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteCharles DantzigGérard GenetteJean-François RevelLittérature françaiseProustRenaud Camus<a title="Recherche" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Recherche.jpg"><img title="Recherche" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Recherche" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Recherche.jpg" /></a><p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté deux volumes à ma sœur, acheté les sept autres au fur et à mesure de ma lecture. Lu sur plusieurs années, entre 1989 et 1997.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je voudrais
écrire un billet préliminaire sur les conditions de ma lecture d'<em>A la recherche du temps perdu</em>, raison pour laquelle j’ai choisi
pour l’illustrer cette édition Quarto de chez Gallimard qui comprend l’œuvre
complète.</span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Proust fait partie de ces écrivains dont l'œuvre intimide, par son ampleur, sa difficulté, sa place centrale dans l'histoire littéraire. Ma sœur le lisait. Je me rappelle un déjeuner familial pendant lequel elle partagea ses impressions de lecture avec notre cousin également conquis. C'était en 1989, j'avais seize ans, je lui empruntai le premier volume, <em>Du côté de chez Swann</em>, qu'elle possédait dans la collection Folio. J'aimai bien la partie qui s'intitule <em>Un amour de Swann</em> mais lus l'ensemble avec beaucoup d'effort et pas mal d'ennui. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Quatre ans plus tard, une nouvelle fois encouragée par ma sœur, je repris ma lecture et lui empruntai, toujours dans la collection Folio, <em>A l'ombre des jeunes filles en fleurs</em>. Je l'aimai suffisamment pour acheter <em>Le côté de Guermantes I</em>, dans la collection Garnier-Flammarion, et enchaîner la lecture. Puis je m'arrêtai encore : le caractère plus descriptif de ce volume avait découragé mon ardeur de lectrice, réveillée par le précédent où l'action m'avait intéressée. Et ce n'est qu'en 1996, soit trois ans après, que je lus, plus rapprochés dans le temps, les quatre volumes suivants dans la collection Garnier-Flammarion, <em>Le côté de Guermantes II</em>, <em>Sodome et Gomorrhe I</em> et <em>II</em>, et <em>La prisonnière</em>, tout en n'en lisant jamais plus de deux à la suite. Chaque fois que j'aimais moins une partie, ma lecture de l'œuvre s'arrêtait : ce fut le cas pour <em>Le côté de Guermantes I</em>, <em>Sodome et Gomorrhe I</em>, <em>La prisonnière</em>, alors que mon intérêt avait été relancé par <em>A l'ombre des jeunes filles en fleurs</em>, <em>Le côté de Guermantes II, Sodome et Gomorrhe II</em>... Arrivée à <em>La prisonnière</em>, assez loin dans l'œuvre donc, je trouvai les ressources nécessaires pour continuer, et je terminai l'année suivante avec <em>La fugitive (Albertine disparue)</em> et <em>Le temps retrouvé</em>. Le besoin ressenti de faire des pauses dans la lecture de l'œuvre était peut-être dû à sa longue durée, conséquence non seulement du nombre important de pages, plusieurs milliers, mais aussi de la densité de l'écriture qui imposait un rythme lent de lecture. Une solution aurait consisté en des lectures parallèles plus légères, qui m'auraient permis d'entrecouper la première sans l'interrompre pendant de longues périodes. Mais il est rare que je lise deux livres simultanément. Ce besoin d'interruption s'expliquait-il par un manque de temps, étais-je taraudée par des nouveautés urgentes à découvrir qui me faisaient délaisser l'ancêtre ? Les trois derniers volumes furent lus alors que j'étais étudiante en journalisme et que le rythme de mes journées était plus pressé qu'à l'université : je trouvai le temps de lire Proust, plus que jamais je voulus prendre le temps de lire Proust. L'obligation de feuilleter la presse quotidienne et de me plonger dans "l'actu chaude" chère aux journalistes me rendait plus désirable encore sa présence.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Cette lecture par bonds, étalée sur neuf ans et différenciant nettement les parties, se reflète dans ma bibliothèque : la<em> Recherche</em> se présente en neuf livres issus de deux collections différentes. Si j'avais eu une seule édition, avec un nombre restreint de volumes, voire un seul comme le propose la collection Quarto qui illustre le billet, ma lecture eût peut-être été plus filée, plus rapide, et plus unifiée. La façon dont se présente une œuvre influence notre lecture. Nous avons tendance à confondre, dans le vocabulaire, "œuvre" et "livre" car la plupart du temps, une œuvre est publiée dans un livre. L'œuvre présentée comme un tout intitulé <em>A la recherche du temps perdu</em> dans un seul livre demande une lecture d'un seul tenant, le livre affirmant d'entrée que tant que nous n'aurons pas tourné la dernière page, nous ne pourrons nous faire une idée réelle de l'œuvre. Quand l'œuvre se présente sous forme de plusieurs livres et que, de plus, chacun porte un titre particulier, connu, chaque composante gagne en autonomie, en cohérence propre, et le lecteur réticent à s'immerger pour une longue durée dans une œuvre en profite pour respirer ailleurs entre deux. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Cependant, cherchant à me souvenir d'autres œuvres éditées en plusieurs volumes et du rythme de ma lecture, je constate que, dès qu'une œuvre a un titre unifiant, je la lis d'une traite, quel que soit le nombre de volumes : ainsi <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Alexandre-Solj%C3%A9nitsyne%2C-L-archipel-du-Goulag"><em><strong>L'archipel du Goulag</strong></em></a>, trois grands tomes aux éditions du Seuil, un titre, lus d'affilée ; les <em>Mémoires d'Outre-Tombe</em> en 2004, deux tomes dans la Pléiade, lus d'affilée ; <em>Les rois maudits</em> en 1994, sept tomes mais assez minces dans Le livre de Poche, un titre général plus connu que les titres des romans qui la composent, lus d'affilée ; <em>Les Thibault</em> en 2014, trois tomes en Folio mais un seul titre encore, lus d'affilée. Nuançons : ma seconde lecture de <em>La Roue rouge</em> de Soljénitsyne en 2002, six
tomes (les deux derniers n'étant pas encore traduits), environ 4000
pages!, furent lus presque d'affilée, une ou deux autres lectures s'intercalant
régulièrement entre deux tomes. En revanche, la trilogie des <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-Alexandre-Dumas%2C-Les-trois-mousquetaires"><em><strong>Trois mousquetaires</strong></em></a>, bien que lue dans un ouvrage unique, présente trois romans bien distincts, ayant une existence propre : ils furent lus à des années d'intervalle - et il ne s'agissait certes pas de difficulté de lecture.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je me souviens qu'en achevant <em>Le temps retrouvé</em>, j'eus envie de reprendre tout depuis le début. Les allusions à des épisodes de <em>Du côté de chez Swann</em> sont constantes dans toute l'œuvre or ma lecture était ancienne et médiocre : je désirai relire cette partie matricielle, consciente après coup de la grande unité de toute la <em>Recherche</em>. Je ne le fis pas, cependant, et me contentai de prolonger ma lecture en achetant et parcourant avec délices <em>Le grand livre de Proust</em>, livre d'agrément dirigé par Charles Dantzig où, à côté de quelques textes érudits sur certains aspects de l'œuvre, on trouvait le dessin de la robe de la duchesse de Guermantes le soir du bal ou la partition de l'extrait de la sonate de Vinteuil que le narrateur aime tant (cette partition m'est restée lettre morte, n'ayant pas eu l'occasion de demander à ma mère de la jouer au piano). Je lus ensuite, toujours en 1997, <em>Sur Proust</em> de Jean-François Revel qui insistait sur le génie réaliste de l'écrivain, mais c'est <em>Du sens</em> de Renaud Camus, lu en 2002, avec de nombreuses pages sur la question du sens chez Proust, qui me décida à relire <em>Du côté de chez Swann</em>. Je le fis en 2004 : il figurait parmi les quelques livres que j'avais emportés en Russie. Enfin, suite à ma lecture des<em> Figures</em> du critique Gérard Genette, dont une grande partie est consacrée à l'expression du temps dans son œuvre, je relus en 2008 et cette fois d'un trait, <em>A l'ombre des jeunes filles en fleurs</em>, <em>Le côté de Guermantes</em> et <em>Sodome et Gomorrhe</em>. Cela me paraissait beaucoup plus facile, la <em>Recherche</em> étant de ces œuvres complexes dont plus on comprend la composition, les entrelacs, plus on les aime. Je n'éprouvai pas le désir cependant de relire ce qu'on appelle "le cycle d'Albertine" et ses deux romans, <em>La prisonnière</em> et <em>La fugitive</em>, qui ne me laissaient pas un bon souvenir, ce qui fit bêtement obstacle à ce que je relise celui qui se tenait derrière eux, <em>Le temps retrouvé</em>. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">L'œuvre de Proust est ainsi présente par intermittences dans ma vie depuis des années et il y a de fortes chances que je m'y replonge. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-1997-Marcel-Proust%2C-A-la-recherche-du-temps-perdu#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/48