Le maillage des lectures - Mot-clé - MorandAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2011 - Paul Morand, L'homme presséurn:md5:589f6a60bc878a9776c0626a8764bbc52014-01-03T17:35:00+01:002021-03-26T16:55:54+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteGontcharovLittérature françaiseMorandSoljénitsyne<p><a title="l'homme_pressé" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/l__homme_presse.jpg"><img title="l'homme_pressé" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="l'homme_pressé" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/l__homme_presse.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je lus ce livre plus attirée par le titre que par l’écrivain, même si j’avais entendu parler favorablement de son style nerveux et concis, propre à faire vivre une époque qui s’enivrait de vitesse. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le titre
ne m’attira pas seulement parce que <em>L’homme
pressé</em> est une des figures de l’homme du XXème siècle occidental ; il
m’évoquait aussi un autre homme qui m’accompagnait depuis des années, tel que
le décrivait ceux qui l’avaient côtoyé et tel que lui-même se décrivait,
affectant une tâche à chaque heure de sa vie, minutant ses rendez-vous, impatient,
coléreux même dès qu’on lui faisait perdre du temps : bref, Soljénitsyne. </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">(Pour ceux
qui se lasseraient déjà des apparitions de Soljénitsyne sur ce blog, je les plains
sincèrement s’ils persistent à venir ici car ils n’ont pas fini de le voir.
C’est une conséquence inévitable d’avoir consacré des années de ma vie à le
lire et à écrire sur lui, je ne peux éviter à chaque pas de me heurter à cette figure
tutélaire.)</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Mais lecture
faisant, <em>L’homme pressé</em> ne m’évoqua
plus tant Soljénitsyne qu’un autre roman, <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2001-Ivan-Gontcharov%2C-Oblomov"><em><strong>Oblomov</strong></em></a>. Bien que le livre de Paul Morand relève davantage d'une caricature efficace que d'une analyse sensible, le parallèle entre les deux personnages est tentant car s'il n'est apparemment pas plus opposé que ces deux-là, dont l'un refuse toute action et l'autre accumule les signes d'une vie très active, ils ont en commun d'avoir un rapport anormal au temps. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">L'homme pressé est décidé et dans son impatience ne souffre aucun délai entre la décision et sa réalisation : elle doit être immédiatement appliquée. Un projet à peine achevé, il s'en désintéresse, un autre naît. Il veut une maison en Provence, l'achète aussitôt, y fait faire de gros travaux, n'y vivra jamais. L'homme pressé désire, mais ne jouis pas. ll a le culte</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;"> de l'action mais il se contente de s'agiter. A force de fuir l’ennui et la sensation
physique du temps qui l’accompagne, il refuse de dérouler une
action, quelle qu’elle soit, dans le présent. Il n’aime pas faire, il désire avoir
déjà fait. Sa volonté de gagner du temps l'aveugle sur une réalité qui peut sembler à première vue paradoxale : seul le fait de prendre son temps, de faire quelque chose patiemment, de suivre un processus sans en sauter une étape, nous donne le temps. A refuser de consommer de la durée, l’homme pressé consume sa
vie ; comme s'il était surtout pressé d'en finir avec elle. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">C'est d'ailleurs là qu'il rencontre Oblomov, l'homme immobile, qui rêve sa vie et refuse de l'inscrire dans le temps : pour les deux il semble que suffise l'idée de vivre. Ils refusent d'entrer dans le rythme de la vie, que l'un la survole ou que l'autre reste au seuil. Ce n'est sans doute pas un hasard s'ils partagent alors une caractéristique remarquable : ils vieillissent prématurément. </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;"> A
trente ans, Oblomov en paraît cinquante, et il meurt avant quarante ans. De
même pour l’homme pressé, qui subit très tôt une attaque cardiaque. Cette crise cardiaque dans l'avion, seule action subie de sa vie décrite précisément, au ralenti, avec la conscience aiguë de chaque instant de son déroulement, est d'ailleurs la matière des plus belles
pages du roman de Paul Morand. <br /></span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2010-Paul-Morand%2C-L-homme-press%C3%A9#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/23