Le maillage des lectures - Mot-clé - Malcolm LowryAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2003 - William Golding, Sa Majesté des Mouchesurn:md5:7d83ed2fc801e62638a85e30df39f39b2015-05-27T19:35:00+02:002021-03-26T14:40:08+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteComtesse de SégurLittérature anglaiseMalcolm LowryRobert MerleWilliam Golding<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><a title="Mouches" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Mouches_s.jpg"><img title="Mouches" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Mouches" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Mouches_s.jpg" /></a>Acheté, lu quelque temps plus tard.</span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je
ne sais pas comment j'eus l'idée d'acheter ce livre car je
n'avais jamais entendu parler de William Golding ni de ce roman
pourtant célèbre, à ce que j'appris par la suite,
et adapté au cinéma par Peter Brook. Je dus le voir en
librairie et la quatrième de couverture m'incita à
l'acheter, ce qui n'est pas habituel. Le fait que l'histoire se passe
sur une île, lieu réel et imaginaire que j'affectionne,
fut sans doute un déclencheur. Je laissai toutefois passer
quelque temps <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> plusieurs mois, voire un ou deux ans <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> avant de le lire.
</span> <p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ce
qui est plus clair dans mon esprit est pourquoi j'ai envie
d'écrire un billet sur lui : l'idée m'en est venue en
écrivant sur la comtesse de Ségur. Outre la <strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1983-Comtesse-de-S%C3%A9gur%2C-Les-vacances">trilogie</a></strong> des Fleurville, j'ai un souvenir assez marqué de <em>Quel amour d'enfant ! </em>J'aimais
beaucoup ce roman que je lus plus d'une fois et que j'eus même
l'idée saugrenue de recopier dans un cahier <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> je ne suis pas
certaine de l'avoir fait en entier mais me souviens que je m'installais
par terre devant la table basse du salon et pendant que le reste de la
famille regardait la télévision ou vaquait à toute
autre occupation, je copiais, tel un Bouvard et Pécuchet de la
littérature. J'aimais les cahiers, j'aimais écrire
mais ne savais pas quoi : je m'appropriai ce roman aimé. "Quel
amour d'enfant !" était l'exclamation par laquelle les parents de
Gisèle commentaient amoureusement le moindre caprice, la moindre
colère de leur fille. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Et
je pensai au grand thème de l'aveuglement parental, et plus
largement de l'aveuglement des adultes face aux enfants. Les
adultes sous-estiment les sentiments des enfants, leur intelligence,
leurs capacités ; ils surestiment
leur compréhension intellectuelle ; ils
surinterprètent leurs émotions ; ils négligent
leur parole si elle ne vient pas sous leur dictée : bref, ils
sont rarement à bonne hauteur et se trompent ordinairement. Et
me revint alors en mémoire la chute de <em>Sa Majesté des Mouches</em>
: quand des enfants naufragés sur une île sont enfin
retrouvés, la vie qu'ils ont connue et qui leur a fait
éprouver tous les sentiments humains et apporter les
réponses de la civilisation est traitée avec
condescendance par les adultes, réduisant cela à des
"jeux d'enfants". Alors les gamins, vous vous êtes bien
amusés ? Oui, il y a eu meurtre. </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><em>Sa Majesté des Mouches </em>n'est
pas tant un roman sur les enfants qu'un conte sur l'enfance de
l'humanité. S'aveugler sur l'enfance est s'aveugler sur soi. L'histoire est
visiblement un conte moral, désireux de montrer l'effort rationnel et
spirituel que doit fournir l'être humain pour maîtriser ses émotions et
construire un monde habitable dans une nature qui n'est pas à notre mesure. A
aucun moment pourtant l'intention morale de l'auteur ne s'appesantit sur le
récit et les personnages des enfants prennent vie très rapidement,
distingués par leur âge <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> les tout petits qui seront à protéger et qui
restent sur le rivage et les plus grands qui organisent la survie <span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">–</span> et
le sentiment qui les domine. L'intensité et la gravité propres à cet
âge sont merveilleusement rendues, et nous voyons l'île à travers leurs
yeux : ses paysages grandioses dégagent une énergie dont la force
s'impose à nous comme elle s'impose aux enfants telle une présence
mystérieuse. L'inquiétude que suscite la nature se transforme en
émotion esthétique et spirituelle chez l'un des enfants, le poète ; il vivra une
expérience mystique, dans de très belles pages qui dans mon souvenir
valent celles d'<em>Au-dessous du volcan</em>
de Malcolm Lowry, autre Anglais lyrique. L'autre personnage-clé parmi
les enfants est le bon chef qui accepte la charge du pouvoir au nom
du service et de la responsabilité. Dans son abnégation et sa volonté
de protection des tout petits, il m'évoque l'Emmanuel dans <em>Malevil</em>
de Robert Merle, lu en 2011, roman qui aborde une problématique proche
(une communauté organise sa survie après une catastrophe nucléaire). Avec ses fidèles, il s'oppose au groupe d'enfants-chasseurs chez qui
est né, avec le meurtre, le désir de puissance et de domination pour
ses propres intérêts. L'affrontement entre les deux groupes est un pur
moment d'exaltation !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align: justify; font-family: Cambria;"><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><em>Sa Majesté des Mouches</em>
nous rend à notre enfance. Le roman nous dit qu'elle n'est pas un état
que l'on quitte définitivement au-delà d'un certain âge ; elle est la
strate primordiale de notre personne, celle des peurs, des joies et des
rêves, qui nous meut jusqu'à la mort et que la raison doit reconnaître
humblement avant de la couronner. On n'est pas sérieux quand on oublie
son enfance. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2003-William-Golding%2C-Sa-Majest%C3%A9-des-Mouches#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/551988 - Emile Zola, La faute de l'abbé Moureturn:md5:12c955924c225781153927b18275a8b32013-05-03T18:49:00+02:002021-03-26T17:44:38+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceD.H. LawrenceGeorges-Emmanuel ClancierGionoGontcharovLittérature françaiseMalcolm LowryMaupassantZola<p><img title="Abbé Mouret" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Abbé Mouret" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Abbe_Mouret.jpg" /><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque.</span> </p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emile Zola était dans ma famille un écrivain qu'on ne devait approcher qu'avec précaution, pas avant l'âge de 17 ou 18 ans. <em>L'Assommoir</em>, <em>Germinal</em>, représentaient un monde trop sombre, trop dur, trop misérable, pour être lus par des adolescents de 14 ou 15 ans. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ce n'est pas que la lecture en était
formellement interdite – il ne m'est arrivé qu'une seule fois de
me voir confisquer par ma mère un livre emprunté en toute
ignorance à la bibliothèque : <em>La bicyclette bleue</em>
de Régine Deforges –, elle était
déconseillée, ou plutôt remise à plus tard.
On recommandait d'attendre le bon âge. Cette idée en soi
me semble juste. Il est vrai qu'il existe des œuvres très
violentes dont il faut se préserver, car elles peuvent se
révéler dévastatrices sur une personne très sensible ou qui a peu
vécu. C'est sans doute encore plus vrai des œuvres
cinématographiques. Son application est plus arbitraire : de
quoi faut-il préserver le jeune lecteur, de ce qui est
représenté, ou de la représentation
elle-même et de la philosophie de l'existence qu'elle
révèle ? Non seulement les nouvelles de Maupassant ne
décrivent pas un monde plus réjouissant que celui de
Zola, mais elles relèvent d'une philosophie beaucoup plus
pessimiste ; pourtant, nous n'étions pas prévenues contre lui comme
nous l'étions contre Zola. A la rigueur, pour nous préparer, nous
pouvions
lire <em>Le pain noir </em>de
Georges-Emmanuel Clancier, saga d'une famille misérable à
la fin du XIXème siècle, ce que je fis à la suite
de ma sœur. Je n'en ai pas assez de souvenirs pour juger de son
caractère plus facile et adapté aux adolescents. Je
pense que mon père, qui exprimait cette réticence
à ce que nous lisions Zola trop tôt, avait dû
être très marqué par sa propre lecture, à
l'âge de 14 ou 15 ans, et qu'il avait jugé par la suite
l'avoir faite trop jeune. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Toujours est-il que je lus <em>La faute de l'abbé Mouret </em>avant
l'âge prescrit pour découvrir Zola. Il ne faisait pas partie des romans
cités dont il fallait provisoirement s'écarter et ma sœur me le
recommandait chaleureusement : je n'eus pas le sentiment de commettre
moi-même une faute en le lisant. Si je me fie juste à mon souvenir,
l'histoire pouvait se résumer à ceci : l'abbé Mouret gravement malade, en
convalescence dans un jardin paradisiaque (le Paradou), revient à la
vie grâce à l'amour d'une jeune femme qu'il finit par connaître
charnellement. Une recherche sur internet permet de préciser la fin :
le prêtre est chassé du paradis, renvoyé, tout désir éteint, à ses
devoirs ecclésiastiques ; la jeune femme, enceinte, se suicide. Un
roman que les partisans du mariage des prêtres pourraient mettre en avant, tant il insiste sur la nécessité de faire
sa place au désir naturel de la chair, contre son dévoiement dans des
délires mystiques, puisque c'est par excès de prières à la Vierge et de mortifications
que l'abbé Mouret tombe malade, et contre toute extinction de ce désir,
qui signale celle du désir de Dieu et une mort spirituelle. Mais ce
n'est pas cette démonstration que ma mémoire a retenue ; elle est au
contraire irriguée par les images du Paradou, dans ce qui représentait
pour moi la partie la plus longue et importante de l'œuvre. Noirceur
des romans de Zola, me disait-on ? Mon premier souvenir de lui est
lumineux. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Il
me reste des images d'un jardin-monde, d'une nature magnifiée, couleurs
et parfums mêlés, harmonieuse à un homme tout en perception, tout en
sensations, dans la plénitude d'une liberté qui réalise ses désirs sans
rien déséquilibrer... En écrivant cette phrase, un rapprochement se
fait dans mon esprit entre <em>La faute de l'abbé Mouret </em>et le roman de D.H. Lawrence, <em>L'amant de lady Chatterley</em>,
qui chante également le désir et l'amour naturels. Le rapprochement est
toutefois plus intellectuel qu'existentiel, car le roman de D.H.
Lawrence ne m'a pas donné le bonheur contemplatif que m'avait donné
celui de Zola. Je le relierais plutôt, outre à des moments
contemplatifs connus dans l'enfance, à d'autres paradis décrits dans la
littérature : dans <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Jean-Giono%2C-Regain"><em><strong>Regain</strong></em></a><strong> </strong>de Giono, même s'il s'agit d'une Provence beaucoup plus austère que celle d'Aix qui a inspiré Zola ; la propriété d'Oblomovka et son ravin mortel dans <em><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2001-Ivan-Gontcharov%2C-Oblomov"><strong>Oblomov</strong></a></em> d'Ivan Gontcharov ; un autre ravin tout aussi mortel et mexicain celui-là, et la promenade à cheval d'<em>Au-dessous du volcan</em> de Malcolm Lowry ; et aussi <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Guy-de-Maupassant%2C-Une-partie-de-campagne"><strong><em>Une partie de campagne</em> </strong></a>de Maupassant. Toutes ces histoires ne se terminent pas très bien... exception faite de <em>Regain</em> qui, comme l'indique son titre, s'achève sur une renaissance. Mais je l'évoquerai dans un prochain billet. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Emile-Zola%2C-La-faute-de-l-abb%C3%A9-Mouret#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/6