Le maillage des lectures - Mot-clé - Jacques EllulAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2000 - Guy Debord, La société du spectacleurn:md5:75675f2f94f59dcb338d3bc6c32de64d2015-03-29T18:00:00+02:002022-02-09T14:40:07+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteGuy DebordImmédiatementJacques EllulLectures systématiquesLittérature françaisePhilippe Muray<p><a title="societe_spectacle" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/societe_spectacle.jpg"><img title="societe_spectacle" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="societe_spectacle" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/societe_spectacle.jpg" /></a>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Acheté, lu aussitôt.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je n'aime pas lire d'affilée plusieurs livres d'un même écrivain, préférant une continuité qui s'installe dans une durée plus longue et moins exclusive d'autres </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">œ</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">uvres, ainsi que je le fis involontairement pour ma lecture d'<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1992-1997-Marcel-Proust%2C-A-la-recherche-du-temps-perdu"><em><strong>A la recherche du temps perdu</strong></em></a>. Exception toutefois à cette règle, je lus à la suite </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">quatre ouvrages </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">de Guy Debord. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">Car je comprends la joie et le bienfait que l’on peut retirer d’une immersion dans l’œuvre
d’un écrivain. Le temps qu’on y consacre permet à la durée de se charger d’approfondissement.
Il permet de mieux comprendre l’œuvre, d’en avoir une vision plus globale, et à
la fois plus fine dans les détails puisqu’on repère des thèmes, des tournures
de style, ou un type de personnage récurrent. On fait la part de ce qui est
propre à une œuvre, et de ce qui appartient à l’écrivain et que l’on retrouve
dans plusieurs de ses livres. On s’aperçoit
que certains auteurs traitent uniformément n’importe quel matériau, alors que
chez d’autres chaque œuvre impose sa forme. La mémoire est davantage marquée.</span></p>
<p><p><span style="font-size:9.0pt;line-height:115%;font-family:
"Cambria","serif";mso-bidi-font-family:"Lucida Sans Unicode";color:#330033"><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours">Le cahier des lectures</a> indique que l’année 2000 débuta par quatre livres de Guy Debord :<em>La société du spectacle, « Cette mauvaise réputation… », In girum inus nocte et consumimur igni, Panégyrique, tome premier. </em>Debord était un penseur lu parmi mes camarades de la revue Immédiatement à laquelle je participais à l'époque et je dus vouloir rattraper mon ignorance de son œuvre. Malheureusement je les lus non seulement à la file mais vite, si bien que la singularité des œuvres se perdit dans la série des lectures. Je ne fais guère la différence aujourd’hui entre<em>Cette mauvaise réputation… »</em>
et <em> In girum… </em>: je ne peux plus en parler qu’en
partitif, c’est du Debord, elles en ont les qualités reconnaissables – ton,
procédés, idées – mais rien de particulier ne les rehausse dans la mémoire. </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">Le </span><em style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">Panégyrique </em><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;">fut mon préféré, le plus littéraire, assez
mélancolique, sur un Saint-Germain des Prés, celui des
malfrats et des ivrognes, qui n’était plus. A posteriori, même si mon souvenir est vague, l'appréciation relativement
positive que j'ai de Guy Debord doit beaucoup à ce dernier livre. </span></p>
<p><em style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">La société du spectacle</em><span style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;"> est plus identifié : c’est son livre le plus connu, celui dont on parlait le plus dans la revue</span><span style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">. Il</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;"> n’a guère
résisté au temps : la notoriété du livre avait contribué au plaisir que j’avais
eu à le découvrir mais avec le recul, elle ne parvient plus à voiler son indigence. Indigence au sens où il s'agit d'une seule idée </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif; font-size: 9pt;"> nos vies ne sont pas vécues directement, mais médiatisées par la représentation que la société en donne (le spectacle) –idée juste et pertinente, cependant plus variée au sens musical du terme que développée. Ces variations, dont certaines étaient plaisantes à lire par le grand nombre de formules, de jeux de mots, et de détournements "parodiques-sérieux" de citations célèbres auxquels je fus attentive parce que mes camarades les louaient mais dont je ne repérai qu'une part infime, m'agacèrent toutefois par le vocabulaire marxisant largement utilisé</span><span style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;"> qui me paraissait emprunté et impropre à décrire notre présent. Puis je me demandai si la pensée de
l’auteur ne souffrait pas d’une trop grande importance donnée à ces jeux de langage.
Autant chez certains écrivains ils sont partie prenante de la
réflexion, la font avancer et contribuent à affûter notre regard sur la réalité,
autant chez Debord j’eus le sentiment qu’ils étaient avant tout un procédé qui
participait de ce que l’auteur prétendait dénoncer : la récupération par
le spectacle de toute tentative de subversion du système. </span></p>
<p><span style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">Je fus d'autant plus encouragée à le penser, et à critiquer cet auteur vénéré, que je lus une opinion approchante dans les </span><em style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">Exorcismes spirituels</em><span style="font-size: 9pt; color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;"> de Philippe Muray (commencés en 1998) que j'aimais lire à cette période. N’étant pas une
révolutionnaire dans l’âme et n’ayant pas connu d’exaltation pour les
avant-gardes artistiques, je ne m’en désole guère. Mais si je l’étais, il me semble que je détesterais
cordialement Guy Debord : son œuvre parodie, sur un mode ludique, le mouvement
artistico-révolutionnaire, et du coup le sabote. J’en eus la certitude récemment, en 2013, en visitant l’exposition qui lui était consacrée à la Bibliothèque nationale, "L'art de la guerre" :
les notes prises par l’écrivain sur tant d’œuvres diverses –
littéraires, historiques, militaires, philosophiques – qu’il avait tissées pour
fabriquer la sienne étaient emblématiques du mouvement dissolvant de recyclage que
nous vivons ; significative également que sa passion pour la stratégie militaire eût abouti à l'invention d’un jeu de société… Debord fut révolutionnaire comme Mitterrand
fut socialiste, trop individualiste, trop esthète, trop de son temps pour
adhérer à une idéologie qui, si elle permettait de s’opposer à certains
traits détestés de la société, avait été épousée par opportunisme.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Peu avant
Debord, j’avais lu, un peu dans le même esprit, les <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Métamorphoses du bourgeois</em> de Jacques Ellul, qui était plus
clairement écrit, beaucoup plus corrosif, et me marqua bien davantage. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><br /></span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2000-Guy-Debord%2C-La-soci%C3%A9t%C3%A9-du-spectacle#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/511987 - André Gide, La symphonie pastoraleurn:md5:80c92a8d2f076030998d347316ced01f2013-10-03T21:59:00+02:002021-03-26T17:18:17+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceGideJacques EllulJean-Joseph GouxLittérature françaiseSimon Leys<p><a title="La symphonie pastorale" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/ http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Symphonie_pastorale_s.jpg"><img title="La symphonie pastorale" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="La symphonie pastorale" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/ http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Symphonie_pastorale_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Après les écrivains catholiques du début du XXème siècle, voici un écrivain protestant contemporain, le fameux « contemporain capital » : André Gide. <em>La symphonie pastorale</em> dépeint un conflit entre la morale religieuse et les sentiments d'un pasteur qui tombe amoureux de la jeune orpheline aveugle qu’il a recueillie et éduque. Début prometteur. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Comme chez les
protestants un pasteur peut être marié et père de
famille, l’histoire se
complique : le fils du pasteur éprouve lui aussi des
sentiments tendres
pour la jeune fille. Il y a conflit entre les deux hommes, qui se
résout par la conversion du fils au catholicisme (radical, il va jusqu'à se faire moine). Quant à la jeune
fille, elle connaît également le conflit, partagée
entre le père quand parle le cœur, et le fils quand
convoitent les yeux, car elle finit par retrouver la vue. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Et
la femme du
pasteur, qu'en dit-elle ? Gide
s'intéresse peu à ce personnage ; il semble qu'elle ne
soit pas très heureuse de la tournure de l'histoire, mais ses
sentiments bafoués l'indiffèrent, il les traite avec un
certain mépris. Ah, c'est peu dire que Bobonne pâtit de la
comparaison avec la jeune et douce orpheline aveugle qui émeut
le cœur pédagogue du pasteur. "Bobonne"
était le surnom donné par ma mère
qui résumait ainsi le traitement cavalier que Gide
réservait à ce personnage secondaire. Ma mère
râla quand je lui dis que j'aimais bien ce roman. Elle aussi,
elle l'avait bien aimé dans sa jeunesse ; mais devenue
elle-même épouse et mère, elle l'avait beaucoup
moins apprécié à sa relecture. Adolescente,
elle s'était intéressée à la jeune fille,
ainsi que je le faisais ; adulte, elle avait prêté plus
d'attention à la femme du pasteur et avait été
indignée par son sort. Encore un écrivain misogyne !
La jeune fille avait le beau rôle, disponible à
l'amour, aux sentiments élevés, il était tellement
plus difficile pour une femme de le tenir quand elle devait
élever les enfants, tenir la maison, bref
qu'elle était enferrée dans le quotidien. L'opinion
de ma mère modifia le point de vue que j'avais sur le roman
: je ne me mis pas à le détester, mais je devins
consciente qu'un roman, ou un personnage, pouvait refléter des
préjugés de l'auteur, et aujourd'hui, l'opinion de ma
mère sur ce livre et sur Gide est le souvenir le plus vif que
j'en ai gardé.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">
Très peu de temps après, j'entrepris de lire <em>Les caves du Vatican</em>.
Il ne m'évoque rien, sinon le prénom de
Lafcadio et le thème de l'acte gratuit (un meurtre commis sans
raison). Le professeur de français de 3ème l'avait
inscrit sur sa liste de lectures conseillées, raison pour
laquelle je l'avais emprunté à la bibliothèque. Il
avait dû nous en résumer l'enjeu philosophique et je me
demande si ce n'est pas son résumé qui est resté
dans ma mémoire, plus que la lecture du roman qui m'ennuya passablement. Je notai sur le cahier de lectures : "Je l'ai lu
trop jeune", comme si je m'en voulais de ne pas avoir savouré
une oeuvre écrite sur un thème dit important. Je ne fus
pas convaincue d'y revenir. Je croisai pourtant Gide de nombreuses fois
dans mes lectures ultérieures, mais plus en tant que figure majeure
des lettres qu'en écrivain. Je faillis lire son <em>Retour d'URSS</em>
qui avait scandalisé les communistes dans les années
trente parce qu'il avait osé émettre quelques légères critiques
sur le régime soviétique, mais même sur ce sujet
qui me touchait particulièrement, je n'eus pas le courage de
rouvrir un ouvrage de Gide...</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Pourtant,
deux études sur l'écrivain lues bien plus tard, dans les années 2000,
m'ont intéressée. Je me souviens de l'article de l'économiste
<a title="Article de Jean-Joseph Goux" href="http://www.esprit.presse.fr/archive/review/article.php?code=9176" hreflang="fr"><strong>Jean-Joseph Goux</strong></a>, publié dans la revue Esprit, qui analysait les débuts
du capitalisme financier à travers <em>Les nourritures terrestres</em>
et son apologie du désir. Le talentueux écrivain et sinologue belge
Simon Leys consacra lui aussi un essai à Gide, où il essayait de cerner celui qui
se comparait à Protée, le dieu grec capable de revêtir les apparences
les plus diverses pour éluder toute question. Il le décrit indifférent
à la réalité, aimable par peur de déplaire, jouisseur mais incapable
d'amour, n'ayant vraiment que deux seuls intérêts, le christianisme (le
protestantisme) et la pédérastie. Cette description me fit penser à
l'essai de Jacques Ellul, <em>Métamorphose du bourgeois</em>,
lu en 1999, qui faisait de Protée le dieu tutélaire du bourgeois
contemporain qui récupère et inclut toute critique. On constate que ces trois lectures
tissent un maillage serré - presqu'une résille puisqu'avec Gide nous parlons désir... Je me sentis éloignée de l'homme, de sa pensée, de
sa vie. Leys est très critique envers les romans de Gide, mais sauve son<em> Journal</em> et
ses essais. Je ne suis pas sûre d'y revenir et me demande si le
meilleur Gide n'est pas l'apocryphe que lui donna Nimier quand après sa
mort, le hussard envoya ce télégramme signé Gide à Mauriac : "L'enfer
n'existe pas. Tu peux te lâcher. Préviens Claudel. "</span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Andr%C3%A9-Gide%2C-La-symphonie-pastorale#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/17