Le maillage des lectures - Mot-clé - Iouri RytkhéouAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2006 - Iouri Rytkhéou, L'étrangère aux yeux bleusurn:md5:0b819922e67669424e17b65ef39212762016-11-08T11:02:00+01:002021-03-26T12:35:05+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteAmadou Hampâté BâIouri RytkhéouLittérature folkloriqueLittérature japonaiseLittérature russeMona Chollet<p><a title="Rytkheou" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Rytkheou_s.jpg"><img title="Rytkheou" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Rytkheou" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Rytkheou_s.jpg" /></a></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Prêté par une collègue, lu aussitôt.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">La collègue était attirée par les peuples du Grand Nord : Rytkhéou est tchouktche et les Tchouktches sont un peuple nomade de la Sibérie extrême-orientale.
Toute personne vivant un peu en Russie se familiarise vite avec le nom
de ce peuple objet de nombreuses blagues raillant leur
simplicité d'esprit, le comble quand on sait que les Russes
affectionnent les contes célébrant la bienheureuse
idiotie, et qu'un de leurs plus fameux personnages est le prince
Mychkine ou <em><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/199-F%C3%A9dor-Dosto%C3%AFevski%2C-Les-d%C3%A9mons">L'Idiot</a></strong></em>...
Contrairement à mon habitude, je me laissai convaincre de lire un roman où l'on apprend
des <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2014-Aur%C3%A9lie-Filippetti%2C-Les-derniers-jours-de-la-classe-ouvri%C3%A8re">choses intéressantes</a>, sur le peuple tchouktche. </span>
</p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Je n'ai aucune attirance particulière pour les
peuples du Nord, mais là n'est pas la question. Attachée à
un personnage, je suis prête à le suivre partout, quelle que
soit sa culture, quelle que soit son époque, même si a
priori ni l'une ni l'autre ne m'attirent. C'est donc en
conséquence de cet attachement au personnage que j'accepte de
voyager dans le temps et dans l'espace, et que je découvre un
mode de vie autre, une pensée étrangère. Pourquoi
pas les Tchouktches ? Mais je veux un roman. Pas un artifice romanesque
prétexte à un exposé sur des us et coutumes. </span></p>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Iouri
Rytkhéou tombe malheureusement dans ce travers avec <em>L'étrangère aux yeux bleus</em>.
L'étrangère est une jeune ethnographe russe venue
étudier une tribu tchouktche. Ne reculant devant aucun sacrifice, elle décide de devenir la
femme de l'un d'eux uniquement pour le bien de son étude. Elle
découvre, et l'auteur derrière elle nous décrit,
le mode de vie traditionnel, menacé par la société
industrielle moderne incarnée ici par le soviétisme (mais le roman
n'est pas une critique en règle de cette société), et
les rites chamaniques. Elle s'assimile si bien à la tribu que
c'est à elle que le chamane transmettra le secret des rites. Malheureusement, le personnage
de l'ethnographe est inconsistant et en devient improbable ; les extraits de son journal
de bord sont risibles tant la voix intérieure de la femme sonne
faux. Quant aux nomades, ils font partie d'un décor, celui de la
tradition millénaire qu'ils représentent. Nous ne savons pas ce qu'ils
pensent de cette femme étrangère venue s'installer parmi eux. Je fus
agacée dans ma lecture par cette pseudo-fiction mal
fabriquée. J'aurais préféré un récit de Rytkhéou sur son peuple, un
témoignage sur son propre itinéraire, ou un essai, quitte à ce que
celui-ci
comprenne des récits de nature romanesque, dans la veine de
Soljénitsyne ou de Svetlana
Alexievitch. Il
y aurait plus de romanesque dans un tel récit que dans une fabrication
estampillée "roman" parce que c'est le
genre qui se vend le mieux.<br /><br /></span>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">L'autre
chose qui me gêna fut que je sentais le roman
écrit pour le lecteur non-tchouktche. Je comprends que c'est
inévitable dans le cas de Rytkhéou : son peuple
comprend 15 000 âmes (m'apprend Wikipédia), le lectorat est
forcément très restreint. L'écrivain a
écrit dans sa langue natale, mais il a surtout écrit en
russe. Il est littéralement l'ethnographe de son propre
peuple et, du moins dans ce roman, je ne peux juger du reste de son œuvre, la littérature pâtit de sa volonté
d'expliquer, de faire connaître. Cela donne une
littérature folklorique. J'éprouvai le
même sentiment quand je commençai à lire <em>Amkoullel l'enfant peul</em>
d'Amadou Hampâté Bâ, emprunté vers 2012, et que je ne terminai pas. J'avais laissé un devoir moral dicter mon choix. J'avais
remarqué, en feuilletant le <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours"><strong>cahier des lectures</strong></a>, que je lisais
seulement de la littérature européenne et américaine. Par ailleurs, les
littératures française, russe, et anglophone (Royaume-Uni, Irlande,
Etats-Unis) étaient de très loin majoritaires. Me reprochant un manque
de curiosité, je me dis qu'il fallait découvrir d'autres
littératures et changer de continent. Dans cet état d'esprit, je
parcourai le rayonnage de la littérature africaine dans une bibliothèque
municipale de Paris et, reconnaissant une couverture déjà vue en
librairie, saisis ce livre d'Amadou Hampâté Bâ, souvenirs de l'écrivain
malien. La quatrième de couverture aurait dû m'alerter : l'auteur était
devenu haut fonctionnaire international, son récit était plein de
chaleur et d'humanisme... plein de bons sentiments, aurais-je dû
traduire. Le livre s'adressait à l'ancien colonisateur : je vous
explique d'où je viens, mon pays, ses tribus, nos mœurs, qui sont
aussi pleins d'humanité que les vôtres. Regardez-nous, nous sommes
ainsi, nous parlons comme cela, et que de pittoresque ! Je m'arrêtai avant la centième page, ennuyée.</span>
<br /><br /><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt;">Ne
lisons pas par devoir. Je lis parce que, d'une manière ou d'une autre,
je me sens appelée par cet écrivain, cette œuvre-là. Je n'ai pas le
goût de l'exotisme, ni de curiosité universelle ; pour que je voyage,
il faut que je sache que quelque chose, là-bas, est pour moi, m'attend.
Et tant pis si jamais je n'entends d'appel vers tel rivage lointain.
Mais si je l'entends, j'irai. Et je lirai un écrivain qui écrit pour
lui, pour un lecteur universel, et qui n'explique pas d'où il parle. La
littérature russe m'a déjà appris à me débrouiller avec des noms
inhabituels, des réalités inconnues de mon quotidien. Le traducteur
fera le reste avec quelques notes en bas de page pour lever les
obstacles importants à la compréhension du texte. C'est ainsi que,
attirée par ce que l'essayiste Mona Chollet en dit dans son <em>Beauté fatale</em>, lu en 2012, j'ai commencé à lire des textes japonais : <em>Eloge de l'ombre</em> de Junichirô Tanizaki (lu en 2013), le manga <em>Quartier lointain</em> de Jirô Taniguchi (offert, lu en 2016), et que j'ai acheté les <em>Notes de chevet</em> de Sei Shōnagon, toujours après avoir lu Mona Chollet sur ce livre.<br /><br /></span> <br />http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2006-Iouri-Rytkh%C3%A9ou%2C-L-%C3%A9trang%C3%A8re-aux-yeux-bleus#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/82