Le maillage des lectures - Mot-clé - Hannah ArendtAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear2007 - Robert Merle, La mort est mon métierurn:md5:08555e8e84caf933efd587d9cc7d5f502015-08-08T10:24:00+02:002021-03-26T14:23:38+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteHannah ArendtJonathan LittellLittérature françaiseRobert Merle<p><a title="mort_metier" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.mort_metier_s.jpg"><img title="mort_metier" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="mort_metier" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.mort_metier_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque, lu aussitôt.</span></p>
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<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Les billets sur <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2003-William-Golding%2C-Sa-Majest%C3%A9-des-Mouches"><strong><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Sa Majesté des Mouches</em> </strong></a>de William
Golding et <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2010-William-Styron%2C-Le-choix-de-Sophie"><strong><em style="mso-bidi-font-style: normal;">Le choix de Sophie</em> </strong></a>de William
Styron m’ont évoqué deux lectures relativement récentes de romans de Robert
Merle, écrivain que je ne connaissais pas avant de lire <em style="mso-bidi-font-style: normal;">La mort est mon métier</em> au début de l’année 2007. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J’entendis mentionner ce roman
dans les médias français au moment où fut publié, à l’automne 2006, celui de
Jonathan Littell, <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Bienveillantes</em>.
Le narrateur des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Bienveillantes</em> est un officier nazi, Max Aue, qui sans exprimer de remords raconte notamment les
massacres de Juifs dans l’Ukraine occupée auxquels il a participé. Il y eut un pseudo-débat pour savoir
si, oui ou non, il était prudent de donner la parole à un bourreau qui faisait
de nous ses complices, comme si de <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Richard
III</em> à <em style="mso-bidi-font-style: normal;"><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2002-Vladimir-Nabokov%2C-Lolita">Lolita</a></strong></em> la littérature n’avait
pas maintes fois donné de telles œuvres avec un narrateur criminel, prompt
à se justifier ou revendiquant au contraire son identité de scélérat. Quelques amateurs
éclairés citèrent dans cette veine le roman de Robert Merle que, toujours
réticente à lire un ouvrage dont tout le monde parle au moment où tout le monde
en parle, je préférai lire à celui de Littell, et que j’empruntai à la
bibliothèque du centre culturel français à Moscou où je vivais alors. (Je lus <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Les Bienveillantes</em> plus tard, en 2010.)</span></p>
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<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Contrairement à Littell, Merle
écrivit une préface à son roman pour en préciser les sources documentaires, le
but moral, et prévenir le lecteur contre le narrateur. Pour cette autobiographie
imaginaire de Rudolph Hoess, commandant d’Auschwitz pendant presque tout le
fonctionnement du camp, Merle s’était appuyé sur les souvenirs que ce dernier
avait écrits en prison en attendant son jugement et l’exécution. Cependant, vérifiant
sur ce point ma mémoire avec internet, je lis que Merle, très méfiant envers un
écrit cherchant à disculper le plus possible son auteur, utilisa davantage les
comptes-rendus d’entretiens que des psychiatres eurent avec Hoess pour essayer de
comprendre son personnage.</span></p>
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<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Hoess me rappela Eichmann dans la description qu’Hannah Arendt en fait
dans <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Eichmann à Jérusalem</em> : un
homme ordinaire, presque médiocre, qui aurait pu mener une vie décente et qui se
révèle, dans un contexte historique bien particulier, l’exécuteur zélé d’un
régime totalitaire, au point d’être co-responsable d’un million de morts. Un
des ressorts de la personnalité de Hoess rendant possible cette transformation,
et mis en avant par Robert Merle dans les pages sur son éducation chrétienne
stricte, est la terreur d’être reconnu coupable d’une faute. C'est dans l’obéissance
absolue à l’ordre, quel qu’il soit, qu'il trouve une réponse à son angoisse. J’appréciai
toutefois que l’écrivain ne le lance pas, depuis une enfance triste, sur une
pente fatale, ce malgré une expérience précoce de la guerre et sa participation
aux corps-francs ; les pages sur sa vie de fermier dans l’est de l’Allemagne,
même s’il était déjà militant du parti nazi, peuvent encore laisser croire à un
autre avenir. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je me souviens de la description de la vie quotidienne de Hoess dans sa maison au camp d'Auschwitz. Pour un romancier, c'est une aubaine que d'avoir à peindre une vie de famille normale, l'éducation et les jeux des enfants, les bons repas avec les invités, alors que les invités sont un Himmler à qui l'on expose les progrès que constituent les chambres à gaz quant à la rationalisation du travail des SS et à son efficacité, et qu'autour de l'îlot de la maison flottent en permanence des fumées noires et une odeur de chair brûlée. J'écris "aubaine", mais il serait obscène pour l'écrivain de dramatiser une telle matière : Merle se tient heureusement en retrait et c'est sans effets de style qu'il laisse l'énormité de la situation s'imposer à nous. Il s'intéresse particulièrement à l'épouse, à ses pensées quand elle sait avec certitude ce qui se passe. Elle songe à fuir, à emmener ses enfants loin de cet enfer ; mais elle ne possède pas l'imagination (si je suis l'enquête de <strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2013-Pierre-Bayard%2C-Aurais-je-%C3%A9t%C3%A9-r%C3%A9sistant-ou-bourreau">Pierre Bayard</a></strong>) ni le courage propre à affronter les conséquences d'une telle rupture dans sa vie. En protestation elle se borne à faire chambre à part...</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je pus me représenter facilement les lieux décrits par Robert Merle, bien que je n'eusse pas vu ou fait bien attention à la maison de la famille Hoess située juste de l'autre côté du mur d'enceinte quand je visitai le camp d'Auschwitz en septembre 2005. La lecture du roman ne pâtit pas de la comparaison avec la visite. J'éprouvai même à le lire, comme tout bon livre sur le sujet, qu'il soit un témoignage ou une œuvre de fiction, le même accablement devant la réalité décrite. J'ai beau avoir lu un certain nombre d'ouvrages sur le nazisme (et j'y reviendrai dans un prochain <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1985-Anne-Frank%2C-Journal"><strong>billet</strong></a>), chaque lecture a beau me confirmer une lecture précédente, elle me donne le sentiment d'être première, tant la compréhension se heurte à la capacité dans le mal dont l'homme fait preuve.<br /></span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2007-Robert-Merle%2C-La-mort-est-mon-m%C3%A9tier#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/61