Le maillage des lectures - Mot-clé - D.H. LawrenceAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear1988 - Emile Zola, La faute de l'abbé Moureturn:md5:12c955924c225781153927b18275a8b32013-05-03T18:49:00+02:002021-03-26T17:44:38+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceD.H. LawrenceGeorges-Emmanuel ClancierGionoGontcharovLittérature françaiseMalcolm LowryMaupassantZola<p><img title="Abbé Mouret" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Abbé Mouret" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/Abbe_Mouret.jpg" /><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à la bibliothèque.</span> </p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emile Zola était dans ma famille un écrivain qu'on ne devait approcher qu'avec précaution, pas avant l'âge de 17 ou 18 ans. <em>L'Assommoir</em>, <em>Germinal</em>, représentaient un monde trop sombre, trop dur, trop misérable, pour être lus par des adolescents de 14 ou 15 ans. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ce n'est pas que la lecture en était
formellement interdite – il ne m'est arrivé qu'une seule fois de
me voir confisquer par ma mère un livre emprunté en toute
ignorance à la bibliothèque : <em>La bicyclette bleue</em>
de Régine Deforges –, elle était
déconseillée, ou plutôt remise à plus tard.
On recommandait d'attendre le bon âge. Cette idée en soi
me semble juste. Il est vrai qu'il existe des œuvres très
violentes dont il faut se préserver, car elles peuvent se
révéler dévastatrices sur une personne très sensible ou qui a peu
vécu. C'est sans doute encore plus vrai des œuvres
cinématographiques. Son application est plus arbitraire : de
quoi faut-il préserver le jeune lecteur, de ce qui est
représenté, ou de la représentation
elle-même et de la philosophie de l'existence qu'elle
révèle ? Non seulement les nouvelles de Maupassant ne
décrivent pas un monde plus réjouissant que celui de
Zola, mais elles relèvent d'une philosophie beaucoup plus
pessimiste ; pourtant, nous n'étions pas prévenues contre lui comme
nous l'étions contre Zola. A la rigueur, pour nous préparer, nous
pouvions
lire <em>Le pain noir </em>de
Georges-Emmanuel Clancier, saga d'une famille misérable à
la fin du XIXème siècle, ce que je fis à la suite
de ma sœur. Je n'en ai pas assez de souvenirs pour juger de son
caractère plus facile et adapté aux adolescents. Je
pense que mon père, qui exprimait cette réticence
à ce que nous lisions Zola trop tôt, avait dû
être très marqué par sa propre lecture, à
l'âge de 14 ou 15 ans, et qu'il avait jugé par la suite
l'avoir faite trop jeune. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Toujours est-il que je lus <em>La faute de l'abbé Mouret </em>avant
l'âge prescrit pour découvrir Zola. Il ne faisait pas partie des romans
cités dont il fallait provisoirement s'écarter et ma sœur me le
recommandait chaleureusement : je n'eus pas le sentiment de commettre
moi-même une faute en le lisant. Si je me fie juste à mon souvenir,
l'histoire pouvait se résumer à ceci : l'abbé Mouret gravement malade, en
convalescence dans un jardin paradisiaque (le Paradou), revient à la
vie grâce à l'amour d'une jeune femme qu'il finit par connaître
charnellement. Une recherche sur internet permet de préciser la fin :
le prêtre est chassé du paradis, renvoyé, tout désir éteint, à ses
devoirs ecclésiastiques ; la jeune femme, enceinte, se suicide. Un
roman que les partisans du mariage des prêtres pourraient mettre en avant, tant il insiste sur la nécessité de faire
sa place au désir naturel de la chair, contre son dévoiement dans des
délires mystiques, puisque c'est par excès de prières à la Vierge et de mortifications
que l'abbé Mouret tombe malade, et contre toute extinction de ce désir,
qui signale celle du désir de Dieu et une mort spirituelle. Mais ce
n'est pas cette démonstration que ma mémoire a retenue ; elle est au
contraire irriguée par les images du Paradou, dans ce qui représentait
pour moi la partie la plus longue et importante de l'œuvre. Noirceur
des romans de Zola, me disait-on ? Mon premier souvenir de lui est
lumineux. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Il
me reste des images d'un jardin-monde, d'une nature magnifiée, couleurs
et parfums mêlés, harmonieuse à un homme tout en perception, tout en
sensations, dans la plénitude d'une liberté qui réalise ses désirs sans
rien déséquilibrer... En écrivant cette phrase, un rapprochement se
fait dans mon esprit entre <em>La faute de l'abbé Mouret </em>et le roman de D.H. Lawrence, <em>L'amant de lady Chatterley</em>,
qui chante également le désir et l'amour naturels. Le rapprochement est
toutefois plus intellectuel qu'existentiel, car le roman de D.H.
Lawrence ne m'a pas donné le bonheur contemplatif que m'avait donné
celui de Zola. Je le relierais plutôt, outre à des moments
contemplatifs connus dans l'enfance, à d'autres paradis décrits dans la
littérature : dans <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Jean-Giono%2C-Regain"><em><strong>Regain</strong></em></a><strong> </strong>de Giono, même s'il s'agit d'une Provence beaucoup plus austère que celle d'Aix qui a inspiré Zola ; la propriété d'Oblomovka et son ravin mortel dans <em><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/2001-Ivan-Gontcharov%2C-Oblomov"><strong>Oblomov</strong></a></em> d'Ivan Gontcharov ; un autre ravin tout aussi mortel et mexicain celui-là, et la promenade à cheval d'<em>Au-dessous du volcan</em> de Malcolm Lowry ; et aussi <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Guy-de-Maupassant%2C-Une-partie-de-campagne"><strong><em>Une partie de campagne</em> </strong></a>de Maupassant. Toutes ces histoires ne se terminent pas très bien... exception faite de <em>Regain</em> qui, comme l'indique son titre, s'achève sur une renaissance. Mais je l'évoquerai dans un prochain billet. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Emile-Zola%2C-La-faute-de-l-abb%C3%A9-Mouret#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/6