Le maillage des lectures - Mot-clé - Charlotte BrontëAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear1989 - Honoré de Balzac, Le père Gorioturn:md5:fbf2bdfb0638865119d33bd52ae9ddd12015-09-08T09:05:00+02:002021-03-26T14:18:14+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceAndré MauroisBalzacCharlotte BrontëLittérature française<p><a title="pere_Goriot" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/pere_Goriot.jpg"><img title="pere_Goriot" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="pere_Goriot" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/pere_Goriot.jpg" /></a>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à ma sœur ?</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dans mon souvenir, le premier Balzac aimé, après l'échec de la lecture d'<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Honor%C3%A9-de-Balzac%2C-Eug%C3%A9nie-Grandet"><strong><em>Eugénie Grandet</em></strong></a>, était <em>Le père Goriot</em>. Je constate, grâce au <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours">cahier des lectures</a>, que j'avais lu au début de 1988 <em>La cousine Bette</em>
que je me souviens avoir apprécié même si je suis
incapable aujourd'hui d'en dire quelques mots autres qu'"une vieille
fille pauvre délaissée par sa riche famille" ; je
constate aussi que je lus peu après <em>La femme de trente ans</em> qui m'ennuya encore plus qu'<em>Eugénie Grandet</em>, raison pour laquelle je les confondis peut-être dans ma mémoire et que le roman suivant, <em>Le père Goriot, </em>apparaît <em>a posteriori </em>comme le premier Balzac aimé. <br /></span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J'ai évoqué à propos de <em><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Charlotte-Bront%C3%AB%2C-Jane-Eyre">Jane Eyre</a></strong></em>
mon goût pour le "roman de pensionnat", sans doute lié
à la petite expérience que j'en eus en classe de seconde,
quand je passais trois nuits par semaine au lycée. Etudiante, sans connaître à proprement parler
la pension, j'ai logé cinq ans dans deux foyers de jeunes
filles, où je retrouvais des provinciales ou des étrangères
découvrant elles aussi Paris. Quand on arrive dans un nouveau monde,
qu'il soit celui de la grande ville, de la capitale ou l'étranger, les
rencontres marquantes, voire décisives pour le reste du temps qu'on
aura à y vivre, se font très vite. Elles se font dans ce laps de
disponibilité totale qui est le sien quand on a quitté les repères
d'avant et qu'on n'a pas eu le temps d'en acquérir de nouveaux. On est
alors libre, au sens de vacant, et il est facile pour l'inconnu de
venir littéralement occuper la place. La pension, premier lieu de vie
dans ce nouveau monde, est donc un lieu propice à ce
type de rencontres : c'est par excellence un lieu littéraire, que je
retrouvai avec plaisir après la lecture du <em><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Andr%C3%A9-Maurois%2C-Le-cercle-de-famille">Cercle de famille</a></strong></em> d'André Maurois. Par la description de la pension Vauquer débute <em>Le père Goriot</em>, et comme s'y rencontrent deux personnages clés de la <em>Comédie humaine</em>, Rastignac et Vautrin, on peut en inférer que c'est à la pension Vauquer que prend forme cette <em>Comédie</em>. Elle fut en tout cas ma porte d'entrée enfin trouvée dans l'œuvre de Balzac. Les
romans de lui que je préférai d'abord mettraient en effet en scène de
jeunes ambitieux montés à Paris, hésitant entre deux voies : celle de
l'abnégation, de la pauvreté assumée pour travailler à son art,
s'adonner aux études et à la recherche ; et celle de l'ambition
sociale, de la comédie parisienne du pouvoir, pour dominer cette ville
et arriver dans le monde. Lucien de Rubempré dans <em>Les Illusions perdues</em>, Raphaël de Valentin dans <em>La peau de chagrin</em>, lus l'un après l'autre en 1990, sont parmi mes personnages balzaciens préférés, ceux en qui s'animait une de mes contradictions fondamentales (ce que je reconnus plus tard).</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><le père="" goriot<="" em=""><em>Le père Goriot</em> fut ainsi
pour moi bien davantage le roman d'Eugène de Rastignac que celui du père
Goriot. Rastignac est à la croisée des chemins. Il est encore ancré dans une
vie simple en étant pensionnaire de la maison Vauquer, où il fait la
connaissance du père Goriot ; il prend en pitié le vieil homme qui s'est
ruiné pour satisfaire les caprices de ses deux filles arrivées et ingrates. Il
abandonne cependant très vite ses études pour faire ses débuts dans le
monde via les femmes. Malgré de premiers échecs et une expérience lui
démontrant clairement la cruauté du monde parisien, Rastignac, comme les
personnages sus-cités de Rubempré et de Raphaël, choisira la voie de la comédie
sociale. Voie plus romanesque pour Balzac : un des rares personnages ayant
fait l’autre choix de la pauvreté, Daniel d’Arthez, a moins d’envergure
littéraire ; seuls en conservent ceux qui restent incompris ou qui dans la
recherche se perdent jusqu’à la folie : je pense à Louis Lambert ou au héros de
<em>La recherche de l’absolu</em>. </le></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">C’est sur les hauteurs du Père Lachaise, où il a enterré le père
Goriot, que Rastignac reprend son élan pour conquérir Paris : « A
nous deux ! » Cette exclamation martiale signe pour nous la mort du
personnage : bien que nous le revoyions de nombreuses fois dans la <em>Comédie humaine</em> et assistions à son
succès mondain, nous ne le verrons plus si je ne me trompe que de l’extérieur,
sans plus avoir accès à ses pensées ni à ses sentiments. Qu’a perdu Rastignac
en conquérant Paris ? Le relatif délaissement dans lequel le laisse Balzac
semble indiquer qu’il a sacrifié sa part la plus noble pour ne conserver guère plus qu’une
apparence sur la scène du pouvoir. C’est du moins ce que j’en pense aujourd’hui,
avec l’impression d’ensemble que me laissent les romans lus de la <em>Comédie humaine</em>. Au moment de ma
lecture, le cri de Rastignac me communiquait son envie de conquête. Lors de mon
arrivée à Paris, celle avec qui je devais partager ma chambre pendant deux ans me
fit visiter le foyer du Quartier Latin où nous logions ; de la
bibliothèque toute en bois située au cinquième étage de l’immeuble qu’il
occupait, je vis émerveillée au-delà des arbres du jardin du Luxembourg la tour
Eiffel éclairée. Mon rêve de vivre à Paris se réalisait et les mots de
Rastignac me vinrent à l’esprit : je les prononçai pour leur donner force
magique, et si à la seconde où je les prononçai je sentis le ridicule de la situation, je continuai d’y croire. Vingt-cinq ans plus tard, la force magique
que je leur prêtai s’est depuis longtemps évanouie : je n’ai mené
aucune carrière et je sais que mon goût du monde est très vite rassasié. Mais
j’aime toujours autant aller sur les bords de la Seine, regarder ses ponts et
la tour Eiffel. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Roman de Rastignac, écrivais-je à propos du <em>Père Goriot</em> : le personnage de Vautrin retint peu mon
attention. Je ne me souviendrai pas l’avoir déjà croisé quand j’assistai à sa
grande apparition à la fin des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Illusions
perdues</em>. Il fallut que ce fût ma sœur qui me le dît : elle, avait
gardé un grand souvenir de lui à la pension Vauquer. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1989-Honor%C3%A9-de-Balzac%2C-Le-p%C3%A8re-Goriot#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/631987 - Charlotte Brontë, Jane Eyreurn:md5:9e8547cbf25bb67019b1a97c350685422013-07-16T19:51:00+02:002022-02-09T15:28:06+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceCharlotte BrontëEmily BrontëLittérature anglaiseLouisa May AlcottMarie-Louise Fischer<p><a title="Jane_Eyre.jpg" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Jane_Eyre_s.jpg"><img style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Jane_Eyre.jpg" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.Jane_Eyre_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le roman est présent dans la bibliothèque de ma chambre d'enfant, mais je ne suis pas certaine ni de sa propriétaire, ma sœur ou moi, ni de ce que le roman était déjà là quand je le lus en 1987. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">Peu après avoir lu </span><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/Emily-Bront%C3%AB%2C-Les-Hauts-de-Hurle-Vent" style="font-family: Cambria, serif;"><em><strong>Les Hauts de Hurle-Vent</strong></em></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">, j’eus envie de lire </span><em style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">Jane Eyre</em><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">. </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ce que j’avais appris des sœurs Brontë, écrivains
qui avaient vécu (presque) toute leur vie dans les landes du Yorkshire, m’avait
séduite et fit naître ce désir de lire l’autre grand roman issu de la famille,
l’œuvre d’Anne Brontë étant plus confidentiel. Ayant trois </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">sœur</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">s, j'étais attirée par les histoires, réelles ou fictives, de fratrie. Le plaisir de sa lecture fut ainsi,
dès le début, teinté de curiosité extra-littéraire. Je ne pus éviter de lire <em>Jane Eyre</em> à la lumière de ma lecture
toute récente des <em>Hauts de Hurle-Vent</em>,
répétant ce que durent faire la plupart des lecteurs des sœurs Brontë. Ce fut sans
doute la première fois que je mis en relation deux œuvres littéraires et
que j’eus une sorte de lecture comparée. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Il est des points de contact entre les romans,
l’atmosphère de
la lande, la brutalité des caractères, la folie ; c’est aussi dans ce
lieu
commun qu’apparaît nettement leur différence, Charlotte Brontë traitant
de
manière plus réaliste ce que sa sœur Emily creuse jusqu’au mythe. Elle resitue leur lande natale
dans la société, qui l’attire, et d'une certaine manière elle les confronte. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Sans susciter la même ferveur que <em>Les Hauts de Hurle-Vent, Jane Eyre</em> me plut beaucoup. Contrairement aux personnages d'Emily Brontë, il était aisé de s'identifier à la personne de Jane Eyre, héroïne qu'il me semble avoir peu rencontrée avant ce roman dans mes lectures : née sans dot d'argent ni de beauté, vouée à une vie retirée, sans éclat ; réservée mais intelligente, volontaire, courageuse, amoureuse avec fougue - mais sans rêver de passion. Si la fusion mystique de Heathcliff et Cathy dans <em>Les Hauts de Hurle-Vent</em> était exaltante, elle était un mythe inaccessible et de toute façon destructeur ; l'amour entre Jane Eyre et Mr Rochester, au contraire, était presqu'un modèle. Qu'un homme comme Rochester puisse, sous les dehors un peu ingrats d'une gouvernante (et lui non plus n'était pas spécialement beau je crois), deviner un cœur ardent prêt à aimer ; que, loin de s'en offusquer, il apprécie la franchise rude de Jane Eyre et son fort caractère, qu'il tombe amoureux d'elle grâce à ces qualités-là, voilà qui était propre à séduire et à rassurer une jeune lectrice sur la possibilité d'un grand amour futur. <br />Le suspens créé par la présence mystérieuse d'un être errant dans les combles du manoir, ou château, suspens dans mon souvenir très bien entretenu tout au long de la partie du roman consacrée à la vie de Jane chez Mr Rochester, contribua aussi à la force de l'histoire. </span> </p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Un autre épisode du roman contribua à l'identification avec l'héroïne : les années de formation en pensionnat, que je lisais avec d'autant plus de curiosité que j'étais destinée, suivant mes aînées, à vivre une expérience (allégée) de pensionnat au lycée. Quelques années plus tôt, j’avais déjà aimé, dans le genre « roman
de pensionnat », sous-genre du roman de formation, les <em>Christine</em>
de Marie-Louise Fischer dans la bibliothèque rose. Le pensionnat de Jane Eyre
en est très éloigné, lieu d’injustices et de souffrance. Mais j’y retrouvais
le goût de l’étude, l’amitié, la découverte du monde, la première émancipation de la famille, qui m'y attiraient. Jane Eyre, dépourvu de la mièvrerie ou de la
platitude qui pouvaient être leur lot, a propulsé ces thèmes dans la
réalité adulte.</span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Charlotte-Bront%C3%AB%2C-Jane-Eyre#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/14