Le maillage des lectures - Mot-clé - André MauroisAutobiographie de mes lectures.2022-03-07T20:19:23+01:00Véronique Hallereauurn:md5:6551cf8fc6b6706899240dddee7d97eaDotclear1989 - Honoré de Balzac, Le père Gorioturn:md5:fbf2bdfb0638865119d33bd52ae9ddd12015-09-08T09:05:00+02:002021-03-26T14:18:14+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceAndré MauroisBalzacCharlotte BrontëLittérature française<p><a title="pere_Goriot" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/pere_Goriot.jpg"><img title="pere_Goriot" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="pere_Goriot" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/pere_Goriot.jpg" /></a>
<span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Emprunté à ma sœur ?</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Dans mon souvenir, le premier Balzac aimé, après l'échec de la lecture d'<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Honor%C3%A9-de-Balzac%2C-Eug%C3%A9nie-Grandet"><strong><em>Eugénie Grandet</em></strong></a>, était <em>Le père Goriot</em>. Je constate, grâce au <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours">cahier des lectures</a>, que j'avais lu au début de 1988 <em>La cousine Bette</em>
que je me souviens avoir apprécié même si je suis
incapable aujourd'hui d'en dire quelques mots autres qu'"une vieille
fille pauvre délaissée par sa riche famille" ; je
constate aussi que je lus peu après <em>La femme de trente ans</em> qui m'ennuya encore plus qu'<em>Eugénie Grandet</em>, raison pour laquelle je les confondis peut-être dans ma mémoire et que le roman suivant, <em>Le père Goriot, </em>apparaît <em>a posteriori </em>comme le premier Balzac aimé. <br /></span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J'ai évoqué à propos de <em><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Charlotte-Bront%C3%AB%2C-Jane-Eyre">Jane Eyre</a></strong></em>
mon goût pour le "roman de pensionnat", sans doute lié
à la petite expérience que j'en eus en classe de seconde,
quand je passais trois nuits par semaine au lycée. Etudiante, sans connaître à proprement parler
la pension, j'ai logé cinq ans dans deux foyers de jeunes
filles, où je retrouvais des provinciales ou des étrangères
découvrant elles aussi Paris. Quand on arrive dans un nouveau monde,
qu'il soit celui de la grande ville, de la capitale ou l'étranger, les
rencontres marquantes, voire décisives pour le reste du temps qu'on
aura à y vivre, se font très vite. Elles se font dans ce laps de
disponibilité totale qui est le sien quand on a quitté les repères
d'avant et qu'on n'a pas eu le temps d'en acquérir de nouveaux. On est
alors libre, au sens de vacant, et il est facile pour l'inconnu de
venir littéralement occuper la place. La pension, premier lieu de vie
dans ce nouveau monde, est donc un lieu propice à ce
type de rencontres : c'est par excellence un lieu littéraire, que je
retrouvai avec plaisir après la lecture du <em><strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Andr%C3%A9-Maurois%2C-Le-cercle-de-famille">Cercle de famille</a></strong></em> d'André Maurois. Par la description de la pension Vauquer débute <em>Le père Goriot</em>, et comme s'y rencontrent deux personnages clés de la <em>Comédie humaine</em>, Rastignac et Vautrin, on peut en inférer que c'est à la pension Vauquer que prend forme cette <em>Comédie</em>. Elle fut en tout cas ma porte d'entrée enfin trouvée dans l'œuvre de Balzac. Les
romans de lui que je préférai d'abord mettraient en effet en scène de
jeunes ambitieux montés à Paris, hésitant entre deux voies : celle de
l'abnégation, de la pauvreté assumée pour travailler à son art,
s'adonner aux études et à la recherche ; et celle de l'ambition
sociale, de la comédie parisienne du pouvoir, pour dominer cette ville
et arriver dans le monde. Lucien de Rubempré dans <em>Les Illusions perdues</em>, Raphaël de Valentin dans <em>La peau de chagrin</em>, lus l'un après l'autre en 1990, sont parmi mes personnages balzaciens préférés, ceux en qui s'animait une de mes contradictions fondamentales (ce que je reconnus plus tard).</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"><le père="" goriot<="" em=""><em>Le père Goriot</em> fut ainsi
pour moi bien davantage le roman d'Eugène de Rastignac que celui du père
Goriot. Rastignac est à la croisée des chemins. Il est encore ancré dans une
vie simple en étant pensionnaire de la maison Vauquer, où il fait la
connaissance du père Goriot ; il prend en pitié le vieil homme qui s'est
ruiné pour satisfaire les caprices de ses deux filles arrivées et ingrates. Il
abandonne cependant très vite ses études pour faire ses débuts dans le
monde via les femmes. Malgré de premiers échecs et une expérience lui
démontrant clairement la cruauté du monde parisien, Rastignac, comme les
personnages sus-cités de Rubempré et de Raphaël, choisira la voie de la comédie
sociale. Voie plus romanesque pour Balzac : un des rares personnages ayant
fait l’autre choix de la pauvreté, Daniel d’Arthez, a moins d’envergure
littéraire ; seuls en conservent ceux qui restent incompris ou qui dans la
recherche se perdent jusqu’à la folie : je pense à Louis Lambert ou au héros de
<em>La recherche de l’absolu</em>. </le></span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">C’est sur les hauteurs du Père Lachaise, où il a enterré le père
Goriot, que Rastignac reprend son élan pour conquérir Paris : « A
nous deux ! » Cette exclamation martiale signe pour nous la mort du
personnage : bien que nous le revoyions de nombreuses fois dans la <em>Comédie humaine</em> et assistions à son
succès mondain, nous ne le verrons plus si je ne me trompe que de l’extérieur,
sans plus avoir accès à ses pensées ni à ses sentiments. Qu’a perdu Rastignac
en conquérant Paris ? Le relatif délaissement dans lequel le laisse Balzac
semble indiquer qu’il a sacrifié sa part la plus noble pour ne conserver guère plus qu’une
apparence sur la scène du pouvoir. C’est du moins ce que j’en pense aujourd’hui,
avec l’impression d’ensemble que me laissent les romans lus de la <em>Comédie humaine</em>. Au moment de ma
lecture, le cri de Rastignac me communiquait son envie de conquête. Lors de mon
arrivée à Paris, celle avec qui je devais partager ma chambre pendant deux ans me
fit visiter le foyer du Quartier Latin où nous logions ; de la
bibliothèque toute en bois située au cinquième étage de l’immeuble qu’il
occupait, je vis émerveillée au-delà des arbres du jardin du Luxembourg la tour
Eiffel éclairée. Mon rêve de vivre à Paris se réalisait et les mots de
Rastignac me vinrent à l’esprit : je les prononçai pour leur donner force
magique, et si à la seconde où je les prononçai je sentis le ridicule de la situation, je continuai d’y croire. Vingt-cinq ans plus tard, la force magique
que je leur prêtai s’est depuis longtemps évanouie : je n’ai mené
aucune carrière et je sais que mon goût du monde est très vite rassasié. Mais
j’aime toujours autant aller sur les bords de la Seine, regarder ses ponts et
la tour Eiffel. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Roman de Rastignac, écrivais-je à propos du <em>Père Goriot</em> : le personnage de Vautrin retint peu mon
attention. Je ne me souviendrai pas l’avoir déjà croisé quand j’assistai à sa
grande apparition à la fin des <em style="mso-bidi-font-style: normal;">Illusions
perdues</em>. Il fallut que ce fût ma sœur qui me le dît : elle, avait
gardé un grand souvenir de lui à la pension Vauquer. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1989-Honor%C3%A9-de-Balzac%2C-Le-p%C3%A8re-Goriot#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/631995 - Anaïs Nin, Journalurn:md5:2c2ccf7932973602b0de8b897dac9e4f2014-07-14T11:56:00+02:002021-03-26T15:57:35+01:00Véronique HallereauLectures d'âge adulteAnaïs NinAndré MauroisDeirdre BairHenry MillerJournauxLittérature américaineSpengler<p><a title="Journal Nin" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.anais_nin_journal_s.jpg"><img title="Journal Nin" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Journal Nin" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.anais_nin_journal_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Acheté, lu aussitôt.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Au début des années quatre-vingt-dix, deux films mirent en scène le trio Henry Miller, sa femme June et Anaïs Nin dans le Paris des années trente. Je ne les ai pas vus, mais ils me firent connaître le nom d’Anaïs Nin et quelques éléments biographiques. Et l'année où je commençai à tenir régulièrement un Journal, je lus le sien. </span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Je m’aperçois en
feuilletant <strong><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/pages/Une-oeuvre-en-cours">le cahier des lectures</a> </strong>que je lus d'abord, premier livre de
1994, ses nouvelles érotiques <em>Venus Erotica</em>.
Mais dans mon souvenir, Anaïs Nin est associée à
l’année suivante pendant laquelle je lus ses
« journaux secrets » publiés en grand
format rose chez Stock. Je me souviens les avoir achetés
à la librairie Gibert sur le boulevard Saint-Michel,
d’occasion pour la plupart sauf <em>Inceste, journal non expurgé 1932-1934</em>.
Je pense que ce volume venait d’être publié et que
c’est de lui que j’entendis parler. J’achetai
également d’occasion <em>Henry and June, cahiers secrets 1931-1932</em>, et commençai à lire celui-ci. Après<em> Inceste</em>,
je remontai dans le temps et lus les journaux d’enfance et
d’une jeune mariée (volumes 1 à 3). Puis
j’achetai et lus la <em> Correspondance passionnée</em> entre Nin et Miller, et lus enfin le volume 4 (la guerre, pendant laquelle Nin est rentrée aux Etats-Unis) en 1996.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le <em>Journal</em> est l'</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">œ</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">uvre la plus connue d'Anaïs Nin, mais il faudrait employer le pluriel tant le <em>Journal</em>
qu'Anaïs Nin publia de son vivant a peu de choses à voir
avec celui publié après sa mort. Le premier est un
journal d'écrivain dans le pire sens du terme, l'application
d'un exercice littéraire dont l'intitulé serait : "Vous
avez le statut d'écrivain. Tenez un journal en sachant qu'il
sera publié." Les phrases se font belles, le ton est
compassé ; il ne se passe rien. De ce journal-là,
je ne lus qu'un tome, et après le <em>Journal</em>
non expurgé, je le trouvai bien fade. Il n'a pas ce qui fait
l'intérêt d'un journal, être écrit avec une
liberté spontanée, car non destiné à la
lecture d'autrui </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> ni même, parfois, à celle du scripteur.
Ouvrir le journal d'un autre, c'est donc lire par effraction. On
pénètre son intimité, on saisit les mouvements de
son âme, ceux de son cœur. On croit réaliser un
fantasme démiurgique : connaître l'autre. Dans le cas
d'Anaïs Nin, le <em>Journal</em>
révèle le système de mensonges qu'elle avait mis
en place pour maintenir les cloisons entre ses vies amoureuses ; il
est le lieu où elle remet constamment tout à plat, le
lieu où elle retrouve une cohérence. Au-delà
de la lecture voyeuriste qu'on peut en faire </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> puisqu'on apprend un
certain nombre d'événements d'une vie amoureuse et
sexuelle tourmentée </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> et de la lecture moralisatrice </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> qui fut
celle de sa biographe Deirdre Bair (lu en 1995), choquée par ce qu'elle y
lisait </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> on peut faire celle, passionnante, des continuités et des ruptures entre la personne
sociale et la personne intime, que le <em>Journal </em>met au jour. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Ma lecture fut d'autant plus enthousiaste que moi aussi, je tenais un
journal. Après avoir commencé à écrire avec
difficulté plusieurs textes d'essai et de fiction dont aucun n'avait
été achevé, le journal était mon premier écrit au long cours, qui
mêlait récits des événements qui me paraissaient importants ou amusants
à rapporter, réflexions sur le passé, notes d'idées. Commencé l'année précédente suite à une psychothérapie mais
tenu alors ponctuellement, l'écriture en était devenue
régulière depuis environ deux mois quand je lus le <em>Journal</em>
d'Anaïs Nin. C'était la première fois que je lisais
ce type d'écrit, et peut-être cherchais-je une sorte de
modèle, ou étais-je curieuse de l'expérience d'un
autre diariste. Les interrogations de Nin sur les liens entre son
journal et l'écriture de récits
m'intéressèrent particulièrement. Le rôle du
journal était tantôt loué comme matériau
utilisable pour construire une fiction (j'y songeais aussi), tantôt incriminé de l'accaparer au détriment du travail de l'œuvre et de
favoriser une écriture relâchée (je le constatais pour moi). Son amant et
maître d'un temps, Henry Miller, tout en comprenant l'importance
du journal, était très sensible à ce dernier
inconvénient et la poussait à travailler davantage son
style. Je n'ai lu aucun des récits écrits par Nin à cette période, mais si le <em>Journal</em>
publié de son vivant est le reflet fidèle de son style
travaillé, alors il ne condamne absolument pas le style
spontané de ses écrits intimes </span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: Cambria, serif;">–</span><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;"> sans doute parce qu'il
est insuffisamment travaillé, et qu'un mur de briques apparentes
est plus beau qu'un mur de briques mal peint. J'aime l'énergie,
la sensation d'une présence, que communique souvent une
écriture spontanée et ne trouvai rien à redire
à celle de Nin... ce qui me confortait puisque je ne travaillais
pas la mienne. Néanmoins, je sentais la justesse des critiques de Miller.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le personnage d'Henry Miller, tel qu'il apparaît dans le <em>Journal</em> de Nin, me plut et je lus la <em>Correspondance passionnée</em> où ils aimaient prolonger leurs conversations. J'enviai les après-midis qu'ils passaient ensemble à
faire l'amour, à écrire, lire, à partager leurs lectures, critiquer
leurs écrits. Cela me semblait une manière idéale
de vivre, comme l'étape qui suivrait la vie d'étudiante que mène Denise
Herpain dans <em><a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Andr%C3%A9-Maurois%2C-Le-cercle-de-famille"><strong>Le Cercle de famille</strong></a></em>. J'y trouvai aussi deux futures lectures : <em>Printemps noir</em> de Miller, et plus tardivement <em>Le déclin de l'Occident</em> d'Oswald Spengler, succès de librairie de l'époque que Miller lisait et discutait. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J'aimai enfin dans le <em>Journal</em>
le récit du désir qu'elle eut de fabriquer elle-même ses livres.
Je crois que tout écrivain a, à un moment ou un autre, le rêve que le
livre soit une forme qui corresponde au fond qu'est le texte. Le papier
serait spécialement fabriqué, teint, coupé pour ce texte, celui-ci
appellerait une calligraphie particulière, un style d'illustration, et
le livre obtenu serait un objet unique, à contempler. Anaïs Nin fit un
pas dans ce rêve : elle s'acheta une imprimerie à plombs et passa des
semaines entières dans l'encre à composer les pages de ses récits, à
imprimer les gravures (œuvres de son époux) qui illustreraient les
petits livres. Ces pages où elle raconte l'immersion dans les plombs,
travail long, délicat, usant, exaltant, sont merveilleuses. Je ne suis
pas bibliophile, mais si j'avais un jour l'occasion de tenir un des
ouvrages composés par Nin, j'en serais très émue.</span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1995-Ana%C3%AFs-Nin%2C-Journal#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/331988 - André Maurois, Le cercle de familleurn:md5:22a46026eb1f8dbb19a467ddac0a05e52013-11-12T21:24:00+01:002021-03-26T17:02:48+01:00Véronique HallereauLectures d'adolescenceAndré MauroisLittérature française<p><a title="Cercle de famille" href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.cercle_de_famille_s.jpg"><img title="Cercle de famille" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="Cercle de famille" src="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/lemaillage/public/Couvertures/.cercle_de_famille_s.jpg" /></a><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Trouvé à la maison.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">J’écris « trouvé à la maison » car il me semble qu’il était dans la petite bibliothèque de ma sœur aînée, et je ne sais où elle l’avait récupéré (c’était un livre ancien). Il était à côté d’un autre roman d’André Maurois, <em>Climats</em>, que je lus d’abord et dont je n’ai aucun souvenir. En revanche, <em>Le cercle de famille</em> m’a marquée.</span></p> <p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">L’héroïne, Denise Herpain, découvre que sa
mère a un amant qui vient à la maison quand le père est absent, situation que
l’enfant juge et condamne. Devenue adulte, nous la suivons dans ses études à
Paris, aimée par deux hommes entre lesquels elle ne peut choisir. Elle finit
par en épouser un qu’elle ne tardera pas à tromper, mais contrairement à sa
mère qui fut toute sa vie fidèle à son amant, elle le trompe avec des amours
lasses et successives, ce dont sa fille sera à son tour le juge : le
cercle est fermé. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Le cercle ne
me semble pas être d'ailleurs le symbole adéquat : le titre sonne bien mais il est
faux. Les destins des femmes de la famille ne sont pas si identiques que ne le
laisse présager le cercle, figure de l’éternel retour, où tout jeu est absent.
La figure de la spirale représenterait mieux une histoire où les personnes
réagissent dans la continuité : si elle refait un tour, la spirale est
unique dans le temps et ouverte, tant par l’élan précédent qui lui communique
sa forme que par celle qu’elle transmet à la suite. Le comportement de Denise
ne reproduit pas celui de sa mère, il est plus reprochable, ce dont elle prend
conscience sans pouvoir se réformer. Quant à celui à venir de sa fille, je le
considère comme ouvert.</span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Cela dit, ce
n’est pas cette histoire de cercle ou de spirale qui m’a retenue sur le moment,
en tout cas pas consciemment. La première partie du roman, l’enfance et les
études à Paris, est la plus réussie et constitue tout mon souvenir. Je me
souviens en particulier d’une scène : attirée par des notes de musique,
Denise entrebâille la porte du salon ; elle voit un homme accompagnant au piano sa
mère, qui chante <em>La vie
antérieure, </em>le poème de Baudelaire mis en musique par Duparc. Même vue à
travers les yeux de l’enfant juge, elle reste une scène d’harmonie entre deux
êtres. J’eus assez vite la possibilité d’écouter <em>La vie antérieure</em> et depuis c’est une des mélodies que je préfère
et que j’aime à mon tour chanter (mais personne pour m’accompagner au
piano !) </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Mais ce que j’aimai le plus, ce fut les pages sur la vie
d’étudiant à Paris. J’ai beaucoup rêvé de Paris : il paraît que c’est à
cela qu’on reconnaît les vrais parisiens. J’ai longtemps cru que <a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1989-Honor%C3%A9-de-Balzac%2C-Le-p%C3%A8re-Goriot"><strong>Balzac</strong></a> était l’écrivain
qui le premier m’avait parlé de Paris : je dois constater que le précédèrent
<a href="http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1987-Victor-Hugo%2C-Notre-Dame-de-Paris"><strong>Hugo</strong></a> et surtout Maurois ! Denise et ses deux amis étudient les lettres et
la philosophie à la Sorbonne, logent dans des pensions près du jardin du
Luxembourg qu’ils traversent le dimanche pour aller chez l’un ou chez l’autre,
où ils passeront l’après-midi à lire, à parler, à étudier, dans une ambiguë et
délicieuse promiscuité. Ce rêve du Quartier latin porta mes premières années à
Paris, sauf que nous n’étions plus au début du siècle mais au début des années
quatre-vingt-dix, et que je dus d’abord me déplacer à Clichy et dans le
quartier de Tolbiac avant de me relocaliser à la Sorbonne en licence. Et le
Boul’Mich’ commençait à être envahi par les marchands de fringues… Néanmoins, je logeai deux années dans un foyer
étudiant sur ce boulevard, près du Luxembourg : le choix de ce foyer doit tout
au <em>Cercle de famille</em>. </span></p>
<p><span style="color: rgb(51, 0, 51); font-family: "Cambria","serif"; font-size: 9pt; mso-fareast-font-family: "Times New Roman"; mso-bidi-font-family: "Times New Roman"; mso-fareast-language: FR;">Quand dans les
dernières années de la présidence de Mitterrand, les médias évoquèrent sa
jeunesse parisienne, on dit qu'il vivait dans une pension
près du jardin du Luxembourg vers la rue de Vaugirard. Je me plus à penser que
c’était une sœur de celle qui est décrite dans le roman. </span></p>http://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/post/1988-Andr%C3%A9-Maurois%2C-Le-cercle-de-famille#comment-formhttp://lemaillagedeslectures.vhallereau.net/dotclear/index.php/feed/atom/comments/21